logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Actu

Corpo sur toute la ligne

Actu | Eux | publié le : 01.09.2009 | Stéphane Béchaux

Image

Corpo sur toute la ligne

Crédit photo Stéphane Béchaux

Au poker menteur, Jocelyn Smykowski tient la route. Menaçant de bloquer au sol les avions français pendant tous les week-ends de juillet, le président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) a obtenu gain de cause. Par courrier, François Fillon s’est engagé, au début de l’été, à accorder aux pilotes de ligne un collège électoral spécifique. Et à mesurer la représentativité de leurs syndicats sur ce simple collège.

« Il n’y a aucune alternative. On veut pouvoir peser sur les décisions qui nous concernent sans avoir à nous compromettre avec des syndicats confédérés », martèle l’imposant syndicaliste, en rappelant que sa profession est régie par le Code de l’aviation civile. Entamé voilà plus d’un an, ce combat de longue haleine ne devrait s’achever qu’à la fin de l’année. Le gouvernement a beau avoir déclaré, en janvier, l’urgence sur le projet de loi transports, les députés ne s’en saisiront qu’en septembre, six mois après les sénateurs…

La probable dérogation accordée aux pilotes – après celle déjà offerte aux… journalistes ! – n’emporte pas l’adhésion générale. Au ministère du Travail, on craint les effets d’entraînement. « On essaie de cantonner la mesure. On veut à tout prix éviter de donner des idées à d’autres », glisse-t-on Rue de Grenelle. À la CFDT et à la CGT, on enrage même contre cette entorse à la loi du 20 août 2008 portant rénovation de la démocratie sociale. Il se murmure même que la centrale de Montreuil a préparé un mémo à destination des parlementaires de gauche pour qu’ils saisissent le Conseil constitutionnel…

Ancien pilote de chasse, Jocelyn Smykowski tient ses adversaires à l’œil. Et ils sont nombreux. Les deux autres syndicats de la profession, le Snac et Alter, bien qu’eux aussi favorables à l’instauration d’un collège électoral spécifique, sont en froid avec le patron du SNPL, jugé beaucoup trop accommodant avec la direction d’Air France. À l’intérieur même de l’organisation, l’ambiance est fraîche. Déjà président du syndicat de 2000 à 2004, Jocelyn Smykowski est revenu par le hublot : battu en juin 2008 lors des élections internes, l’homme a finalement repris le flambeau quatre mois plus tard, après la démission de son prédécesseur. Pour « raisons de santé », selon la version officielle.

Si Jocelyn Smykowski fait de la question de la représentativité syndicale une affaire personnelle, il n’y consacre pas toute son énergie. Toujours commandant de bord – il vole sur Fokker 100 siglé Brit Air tous les vendredis –, ce fan de sports mécaniques entend mener d’autres combats. Sur la sécurité, les retraites complémentaires ou les embauches de jeunes. « Les générations se doivent aux générations suivantes », insiste le syndicaliste, qui promet de raccrocher sa casquette dans trois ans, lors de son soixantième anniversaire.

JOCELYN SMYKOWSKI

Président du SNPL France Alpa.

1975

Pilote de chasse sur Jaguar.

1983

Pilote ravitailleur.

1993

Commandant de bord chez Brit Air.

2000-2004

Président du SNPL.

2008

Battu puis réélu à la présidence du syndicat.

Auteur

  • Stéphane Béchaux