Dans ce numéro sur la « crise de la cohésion sociale », Pierre-Yves Cusset ne croit pas que la montée des inégalités sociales soit le facteur déterminant dans l’effritement du lien social. D’abord parce que cette explosion des inégalités reste, selon lui, à démontrer. Pierre-Yves Cusset se demande si le niveau des inégalités est aussi important qu’on le pense généralement pour la cohésion sociale, jugeant que le problème se pose dans l’autre sens. Si coupable il y a, c’est plutôt le chômage de masse et le processus d’individualisation. À noter aussi la contribution de Christophe Radé sur la rupture à l’amiable du contrat de travail et celle du professeur Paul-Henri Antonmattei sur l’inopportun conflit des normes entre loi et accord interprofessionnel.
Futuribles publie chaque année son rapport « Vigie » qui tente d’apporter un peu de lumière sur les futures décennies. Pour Céline Laisney, pas de bouleversements en vue dans l’évolution de la main-d’œuvre mondiale : les gisements principaux de main-d’œuvre se situeront très majoritairement en Asie, en Afrique et en Amérique latine, mais de moins en moins en Europe ou en Amérique du Nord. Son inquiétude porte plutôt sur la tendance universelle à l’élévation du niveau de formation, qui pourrait connaître un coup de frein en raison du coût financier pour des États de moins en moins riches. La futurologue dresse plusieurs scénarios qui font tout de même apparaître que les pays industrialisés ne sont pas, sur le plan de la main-d’œuvre, en position de force et qu’ils risquent d’être contraints de réduire leur niveau de protection sociale, voire les salaires.
En réponse aux propositions du rapport de Yazid Sabeg sur les statistiques ethniques, huit chercheurs affichent leurs réserves estimant que « l’information statistique influe spontanément sur la représentation qu’a d’elle-même une société ». C’est, selon eux, la porte ouverte à d’autres revendications de comptage : « Peut-on croire un instant que d’autres minorités (régionales, sexuelles, sociales…) n’exigeront pas à leur tour de se compter pour peser ? » Une des difficultés que soulève le recours à l’outil statistique est, selon le texte d’Esprit, d’articuler des critères objectifs, comme le lieu de naissance, l’âge ou le sexe, avec d’autres plus subjectifs, relevant de l’autodéclaration, et qui renvoient au « ressenti d’appartenance ».
Le développement durable interpelle les anciens élèves des Mines. Leur revue se penche sur la responsabilité environnementale et sociétale des entreprises. Philippe Ledenvic, directeur régional de l’industrie, montre l’évolution en profondeur du cadre réglementaire et se dit favorable à la pénalisation économique pour ceux qui ne jouent pas le jeu. Maître de conférences au Cnam, Gilles Godfrin est favorable à l’ouverture d’un « droit à représenter la nature » en justice.
