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Idées

Des pendules remises à l’heure

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.06.2009 | Bernard Brunhes

MERCI, MONSIEUR COTIS

En présentant au président de la République son rapport sur le partage des revenus, le directeur général de l’Insee a remis les pendules à l’heure dans un domaine où foisonnent les contrevérités. La part des salariés dans le partage des revenus aurait baissé dans les dix dernières années ? Faux : elle est stable. L’éventail des salaires se serait élargi ? Faux : la distribution est stable. Seuls les 0,1 % les mieux payés ont vu leur revenu exploser. C’est un désastre pour ce que cela crée de sentiment d’injustice. En bas de l’échelle, ce n’est pas le smic qui traîne les pieds ; mais des centaines de milliers de salariés ne l’atteignent pas parce qu’ils sont condamnés à la précarité, au saisonnier, à l’alternance travail-chômage, au temps partiel. L’urgence n’est pas d’augmenter le smic, mais de lutter contre la précarité. Et la feuille de paie progresse lentement parce que les charges sociales ne cessent de croître : un choix de société qui doit être clairement assumé. Quant aux revenus du capital, s’ils constituent une part constante de la valeur ajoutée, ils sont très inégaux : gros profits, certes, pour de grandes sociétés multinationales, mais grosses difficultés pour une majorité de PME voulant financer leur développement. Espérons que ces analyses orienteront les discussions entre partenaires sociaux que l’Élysée appelle de ses vœux.

PAUVRE PARLEMENT, PAUVRE EUROPE SOCIALE

C’est entendu : les électeurs européens ne se bousculeront pas dans les bureaux de vote. Qu’est-ce qui les intéresse en effet ? Leur vie quotidienne, leur emploi, le salaire, la santé, la protection sociale, la retraite. De quoi parle l’Europe ? Pas de cela. Au nom de la subsidiarité, les États n’entendent pas que se développent des règlements ou des institutions qui complètent leurs pratiques nationales ou s’y substituent. Les Britanniques ne veulent pas de contraintes ; les Suédois craignent une pollution de leur modèle social ; les Tchèques pensent au risque d’augmentation du coût du travail qui mettrait à mal leur compétitivité. Les 24 autres États membres n’en pensent pas moins. Pourquoi les citoyens s’intéresseraient-ils à des institutions européennes qui n’ont pas les moyens politiques de se préoccuper de leur sort ?

COURBE EN U OU COURBE EN L ?

Un jour de la mi-mai 2009, les 20 Heures et la presse écrite ont titré sur un scoop inattendu : la France est en récession. Deux trimestres consécutifs de décroissance (ou de croissance négative comme on dit joliment) et le gouvernement a bien été obligé de lâcher le gros mot. Et la presse, sagement, relaie la parole ministérielle, comme si les Français n’avaient pas déjà remarqué l’ampleur de la crise… Les experts s’accordent sur le diagnostic : une récession aujourd’hui, une reprise au second semestre 2010. Mais ils hésitent sur la forme de la courbe : U, c’est-à-dire une reprise assez vive ; ou L, soit un long palier ou une reprise très lente. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui plongent le moins fort aujourd’hui repartiront aussi le moins vite. Dans la comparaison France-Allemagne, la première gagne maintenant, la seconde gagnera demain.

Auteur

  • Bernard Brunhes