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Éditorial

Les premiers ratés de la machine à réformer

Éditorial | publié le : 01.06.2009 | Denis Boissard

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Les premiers ratés de la machine à réformer

Crédit photo Denis Boissard

Reculades sur l’université, puis sur l’hôpital…, la réforme patine. Après deux années d’ouverture de chantiers tous azimuts pilotés pied au plancher par un Nicolas Sarkozy survitaminé, la machine à réformer connaît des ratés. Tout se passe comme si, avec la flambée des mécontentements liés à la crise, la méthode combinant habilité manœuvrière, vitesse d’exécution et pragmatisme dans la réalisation commençait à trouver ses limites.

Il n’en fallait pas plus pour que certains jettent rétrospectivement un regard critique sur l’action réformatrice du chef de l’État. À l’instar des économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg, qui viennent de rédiger un brûlot – les Réformes ratées du président Sarkozy –, ou du Monde, qui estimait récemment que, contrairement à ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy n’avait pas de « réforme emblématique » à son actif. Est-ce l’essentiel ? Si l’omniprésident n’a pas conduit de grande réforme sociétale, le nombre de chantiers sociaux menés à terme – certains, d’ailleurs, avec la contribution active des partenaires sociaux – est impressionnant : encadrement de l’exercice du droit de grève dans les transports publics, alignement des régimes spéciaux de retraite, fusion ANPE-Assedic, premières pierres d’une flexicurité à la française, révision en profondeur des règles de représentativité syndicale et de validation des accords collectifs, remise à plat du système de formation professionnelle…

Des réformes ratées ? Par rapport aux intentions ambitieuses affichées au départ, la traduction de la réforme est, en France, forcément décevante. Dans un pays aux syndicats fragiles et au corps social tumultueux, la légitimité d’une élection ne suffit pas pour imposer un programme. Il faut donc savoir lâcher du lest sur les modalités pour préserver l’essentiel des objectifs poursuivis. Ainsi, sans contreparties à l’uniformisation des durées d’assurance et des conditions d’âge, la réforme des régimes spéciaux était vouée à l’échec, compromettant alors la poursuite de celle des retraites de la Fonction publique et du privé. Le passage en force – les déboires du plan Juppé ou du CPE de Villepin en témoignent – n’est jamais une solution dans ce pays. Et mieux vaut une réforme imparfaite, qui permette au moins de poser des jalons pour l’avenir, qu’une capitulation en rase campagne. Encore faut-il que l’ampleur des concessions lâchées n’aboutisse pas à vider la réforme de son sens. C’est manifestement le risque que court aujourd’hui le chef de l’État sur l’hôpital ou sur l’université.

AU REVOIR

Je profite de cet éditorial pour vous faire mes adieux. Je quitte en effet le poste de directeur de la rédaction de Liaisons sociales pour bâtir, au sein de l’UIMM, deux fondations, l’une sur l’emploi des adultes et des jeunes sans qualification, l’autre sur les liens entre université et industrie, ainsi qu’un think tank sur les questions sociales et industrielles. Mais, rassurez-vous, je laisse la direction de ce magazine en de bonnes mains.

Auteur

  • Denis Boissard