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Idées

La traversée impossible

Idées | Culture | publié le : 01.05.2009 | A. F.

À travers la dénonciation du trafic humain, Passeur d’espoir pointe la violence dans l’ex-Yougoslavie.

Décidément, la question des migrations et de la détresse individuelle des clandestins irrigue le cinéma européen. Cette fois, la caméra ne suit pas un jeune Kurde tentant de traverser la manche (Welcome, de Philippe Lioret) mais une Chinoise, une « pastèque », comme on surnomme ses compatriotes dans ce no man’s land longeant la rivière Save, entre la Bosnie-Herzégovine et la Croatie.

Ce bras d’eau est la frontière que ne franchira pas une barque de clandestins. Percée, elle bascule dès le premier quart d’heure de Passeur d’espoir, précipitant sa cargaison humaine vers une noyade assurée. Le réalisateur, le Croate Branko Schmidt, a déjà eu le temps de nous montrer le traitement « barbare » que leur réservent les passeurs et mafieux locaux : insultes, coups, pistolet sur la tempe…

Mais ici, le trafic humain est aussi un prétexte pour évoquer le chaos d’après-guerre dans l’ex-Yougoslavie, la corruption, la quasi-impossibilité des habitants de s’extirper de la violence. Le pays est encore en train d’exhumer ses charniers.

Ex-soldat devenu toxicomane et passeur occasionnel, Mirko (impressionnant Kresimir Mikic) fait l’expérience de cette impasse lorsqu’il décide de cacher l’unique survivante de la noyade, devenue un témoin gênant pour la mafia. Un film noir, glacé, où la pluie incessante est un personnage à part entière : le désespoir qui suinte et imprègne tout.

Passeur d’espoir (1 h 30, Croatie), de Branko Schmidt.

Sortie le 6 mai.

Auteur

  • A. F.