Comme à son habitude, la revue aborde plusieurs sujets d’actualité. À commencer par le chômage partiel, qui risque de devenir, selon le Pr Pascal Lokiec, « une mesure de gestion normale de l’entreprise, et non un outil exceptionnel de gestion des crises ». Pour éviter cette dérive, les nouveaux textes prévoient une forme d’autorisation administrative préalable. Mais la mesure reste délicate à encadrer, entre protection du pouvoir de gestion, préservation des droits du salarié et contraintes de la lutte contre le chômage. À lire également, par l’avocat Lucien Flament, une mise au point sur la question de la représentativité des organisations patronales.

La revue de géopolitique se devait de consacrer un numéro à « l’Amérique d’Obama ». Le chercheur Daniel Béland revient longuement sur un des chantiers les plus périlleux du nouveau président des États-Unis : la protection sociale. « Le système américain de santé est l’un des plus complexes et des plus fragmentés au monde », note l’auteur, qui souligne toutes les difficultés de réformer un dispositif aussi balkanisé.

La revue fête ses 10 ans avec un numéro sur « l’égalité et la diversité ». Il commence par l’interview d’une caissière d’hypermarché qui va devenir la figure marquante d’un mouvement social. Le dossier traite de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et du « concept flou » de la diversité. Jacqueline Laufer refait l’histoire de l’émergence des deux notions, Monique Meron aborde l’épineuse question des statistiques ethniques, en constatant que « lutter contre les discriminations, les stéréotypes, ne dépend pas des statistiques, même si parfois elles y aident ». Marie-Thérèse Lanquetin montre à quel point les discriminations sont multiples dans nos sociétés.

L’excellente revue de la FFB réunit plusieurs contributions sur le nouvel ordre économique, social et financier qui pourrait sortir de la crise. L’une des plus intéressantes est celle de l’ancien directeur de la rédaction des Échos, Jacques Barraux, qui analyse la profonde remise en cause du modèle de l’entreprise. « Jamais le rôle du dirigeant et de son équipe rapprochée n’a été aussi crucial que dans la période de doute et de flottement que vivent les marchés, les États et la société », observe l’auteur.

Lucie Davoine et Dominique Méda décryptent la relation singulière des Français au travail. Ils accordent une extrême importance au travail en plus grand nombre que la plupart des autres peuples. En revanche, « l’éthique du travail est peu prégnante en France », constatent les deux chercheuses, les Français figurant parmi ceux qui rêvent le plus d’en réduire la place. Deux sources d’explication : les conditions d’emploi et la mauvaise conciliation entre vie privée et vie professionnelle.