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Un négociateur sans regret chez les “Conti”

Actu | Eux | publié le : 01.04.2009 | Anne Fairise

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Un négociateur sans regret chez les “Conti”

Crédit photo Anne Fairise

Antonio da Costa n’est pas du genre à regretter le passé. Devant les pneus en feu et la ban­derole « Honte au groupe Continental ! », le délégué CFTC de Clairoix n’en démord pas. « Je reste fier d’avoir signé le retour aux 40 heures. L’accord nous a permis de sauver des emplois : à l’époque, il y avait déjà des rumeurs de fermeture. La crise a bon dos pour un groupe bénéficiaire comme Continental. Mais nous ne laisserons pas faire », martèle-t-il, alors que le quatrième fabricant mondial de pneus vient d’annoncer la fermeture du site d’ici à un an. En 2007, pourtant, « les dirigeants s’étaient engagés à maintenir l’activité jusqu’en 2012 ». L’usine de 1 120 salariés, en banlieue de Compiègne, est devenue un symbole : « Première à revenir aux 40 heures, première à mettre la clé sous la porte », maugrée un ­salarié. Antonio da Costa, lui, a ravalé son amertume. « J’ai connu pire », commente ce Portugais d’origine, aîné de sept enfants, qui a connu la dictature de Salazar et bossé dès l’âge de 10 ans, en l’absence du père, parti en France.

Plutôt que de sa propre histoire, Antonio da Costa préfère parler de 1994 : « Seize jours de grève pour rien, hormis une fiche de paie amputée de 600 francs et la suppression d’une équipe », rappelle ce bobineur, entré à 17 ans chez Continental. Un souvenir cuisant qui a fondé son engagement syndical tardif. « En réaction aux méthodes jusqu’au-boutistes de syndicats exigeant 1 500 francs ou rien », il opte pour « un syndicalisme responsable ». Et prend sa carte à la CFTC. Délégué syndical dès 1995, il l’est toujours. Entre-temps, la CFTC est devenue majoritaire. « Il a de l’autorité et sait se faire entendre des salariés et de la direction », note un ancien délégué CFTC. Son credo : défendre les avantages acquis. « La négociation a été bonne, reconnaît le quinqua, rappelant les 35 heures sans perte de salaire, les 40 heures assorties d’une prime de 100 euros net, les augmentations d’au moins 45 euros pour les bas salaires. Au point de faire de Continental la Rolls-Royce du département, « avec des salaires plus élevés qu’à l’usine Aventis » voisine. L’équipementier allemand clame partout que l’établissement est le plus coûteux du groupe. « Cette stratégie nous coûte peut-être aujourd’hui », reconnaît « Tonio », qui a arrêté sa méthode : éviter la récupération politique, modérer les salariés, tenir l’inter­syndicale le plus longtemps possible et gagner du temps sur le front juridique. « Je n’accepte pas la fermeture. Le processus est enclenché mais la partie n’est pas jouée », promet cet ex-joueur de poker qui n’a pas dit son dernier mot.

ANTONIO DA COSTA

Délégué CFTC de Continental à Clairoix.

1972

Devient bobineur, à 17 ans.

1995

Délégué syndical CFTC.

2001

Président de l’UD CFTC de l’Oise.

2007

Signe, avec la CFE-CGC, l’accord de retour aux 40 heures.

Auteur

  • Anne Fairise