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Idées

Le travail, cet inconnu

Idées | Livres | publié le : 01.03.2009 | J. M.

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Le travail, cet inconnu

Crédit photo J. M.

Le Nouvel Âge du travail, Pierre Boisard. Éditions Hachette Littératures, collection « Tapage ». 210 pages, 14,40 euros.

En l’espace de quelques années, le débat sur le travail a radicalement changé de tournure. Entre 1990 et 2005, rappelle Pierre Boisard, dominait l’idée que le travail était menacé d’extinction. La diminution du temps de travail apparaissait comme une fatalité. Puis est arrivée l’élection de Nicolas Sarkozy et le retour de la valeur travail. La brutalité du basculement souligne le côté artificiel de deux postures : la droite célèbre l’effort à travers le travail, la gauche y stigmatise la peine ou la souffrance, ni l’une ni l’autre ne semblant y voir le terrain d’expression de l’initiative et de la créativité. C’est notre capacité à formuler une représentation juste du travail aujourd’hui qui pose problème.

À cet égard, les 35 heures ont constitué un tournant, en faisant voler en éclats deux idées reçues, voulant que le temps de travail soit condamné à diminuer sans fin et que cette réduction soit forcément un progrès social. La loi Aubry a eu pour effet inattendu de déclencher un mouvement d’accroissement du temps de travail, sur la durée de la vie active, mais aussi sur la durée annuelle, par l’intermédiaire des heures supplémentaires. Une tendance qui paraît irrémédiable, car l’intellectualisation du travail, liée aux nouvelles technologies, augmente la demande d’investissement personnel du salarié et étend au-delà de l’usine ou du bureau le domaine où il peut être sollicité.

Si l’on voulait symboliser les mutations du travail, il faudrait passer de l’agriculteur, figure dominante dans les années 20, au salarié de l’automobile, figure centrale dans les années 60, pour arriver à l’esthéticienne. La féminisation, le triomphe du salariat, la montée des services sont des évolutions bien connues. En revanche, on peine à établir le lien entre ces métamorphoses et l’apparition des différents symptômes du malaise salarial, comme l’insatisfaction croissante à l’égard de son travail et un sentiment dominant d’insécurité. L’ouvrage défend une double thèse. D’abord, que les formes d’organisation et de rétribution modernes ont suscité un fort sentiment de non-reconnaissance chez les salariés. Ensuite, le nouveau rapport salarial qui s’est fait jour a diffusé la peur de la perte de son emploi. L’instauration d’une sécurité des parcours professionnels constitue pour Pierre Boisard la bonne réponse. Mais elle nécessite un renforcement considérable de l’intervention de l’État. La crise ayant remis cette thématique à la mode, peut-être son appel sera-t-il entendu ?

Auteur

  • J. M.