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Éditorial

De 1999 à 2009, dix ans de magazine en kiosque

Éditorial | publié le : 01.03.2009 | Denis Boissard

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De 1999 à 2009, dix ans de magazine en kiosque

Crédit photo Denis Boissard

Numéro 100. Voilà dix ans que Liaisons sociales magazine, créé en 1985, est en kiosque, où il a rendez-vous avec des lecteurs fidèles qui préfèrent l’acheter au coin de la rue. Sans compter tous ceux qui ont choisi de s’y abonner. Dix ans, déjà…

Si l’on jette un coup d’œil dans le rétroviseur, le contraste est saisissant avec la situation actuelle. La France est alors sous le règne d’un gouvernement de gauche, en pleine préparation de la loi Aubry 2 qui fera passer toutes les entreprises de l’Hexagone – sauf les plus petites – sous la toise des 35 heures. Cela au nom d’une doctrine très en vogue dans les cénacles socialistes : le partage du travail. Les rapports entre pouvoirs publics et partenaires sociaux sont déplorables. Car c’est une vision profondément étatiste et jacobine de la régulation du social qui prévaut, aussi bien dans la majorité d’alors que dans l’opposition. D’où un passage en force sur les 35 heures, un encadrement particulièrement tatillon des accords de RTT, ou encore un bras de fer mémorable avec les signataires de la convention d’assurance chômage… Sur le plan économique, c’est l’euphorie. La croissance dépasse les 3 % en 1999 et culmine à 4 % l’année suivante. La Bourse s’envole : le CAC 40 frôle les 6 000 points en 1999 et les 7 000 l’année d’après. L’emploi est au beau fixe, le chômage décroît, tandis que les comptes sociaux se redressent : à l’équilibre en 1999, ils sont excédentaires en l’an 2000.

Times are changing, claironne la balade lancinante de Bob Dylan. Voilà la France sous un gouvernement de droite qui a pris l’exact contre-pied du pouvoir de 1999 : les 35 heures sont devenues, le temps d’une campagne présidentielle, le bouc émissaire de toutes les difficultés de notre économie. Et les locataires actuels des palais républicains s’échinent à leur faire la peau au nom d’une philosophie aux allures de slogan : travailler plus pour gagner plus. Les relations entre l’État, le patronat et les syndicats sont sorties de l’âge de pierre. Née des déboires de Dominique de Villepin sur le CPE, la loi Larcher sur la modernisation du dialogue social a bouleversé la donne en imposant à l’État de laisser la main aux acteurs sociaux pour une éventuelle négociation avant toute réforme portant sur le travail, l’emploi ou la formation. Résultat, une kyrielle d’accords au sommet… même si l’interventionnisme pointilleux du chef de l’État ne facilite pas toujours les choses. Économiquement, c’est la Berezina. La France entre cette année dans sa pire récession de l’après-guerre. La Bourse s’effondre, avec un CAC 40 sous les 3 000 points. L’emploi se dégrade, le chômage s’envole et la Sécu s’achemine vers un déficit record.

Où en serons-nous dans dix ans, en 2019 ? Bien malin qui peut aujourd’hui augurer de la conjoncture politique et économique à cet horizon. Plus modestement, Liaisons sociales magazine a cherché à prédire, avec l’aide de nombreux experts, comment nous travaillerons demain. Bon voyage dans ce numéro exceptionnel !

Auteur

  • Denis Boissard