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Les syndicats diversifient leurs offres aux adhérents

Les pratiques | publié le : 20.04.2010 |

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Les syndicats diversifient leurs offres aux adhérents

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Hors des sentiers connus de l'action revendicative, des organisations syndicales s'intéressent aux divers besoins de leurs adhérents à qui elles proposent des services.

Assurance professionnelle, contrat décès, conseils psychologiques, caisse de grève, offres loisirs... les organisations syndicales élargissent de plus en plus la palette de leurs services aux adhérents. Elles ont au moins une bonne raison de le faire. En exigeant d'elles 8 % de voix en moyenne aux élections d'entreprise pour être reconnues dans la branche, la loi de 2008 sur la représentativité syndicale incite, de fait, à la recherche de moyens pour mobiliser électeurs et adhérents.

Des services identiques à ceux des CE

« Dans ce contexte, le syndicalisme de services s'avère une tentation plus encore qu'une tendance », explique Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST). « Les syndicalistes doivent apprendre à marier cotisations et services, à s'intéresser à la gestion ou à mettre en place des dispositifs de protection sociale comme cela se fait dans d'autres pays européens », ajoute-t-il.

La CFTC Métallurgie a ainsi signé, en février dernier, un contrat d'assurance décès toutes causes avec Vauban Humanis pour ses 17 000 adhérents. Et elle a conclu un partenariat avec Canalce permettant d'accéder gratuitement à une assistance juridique et à des milliers d'offres de loisirs à tarifs réduits. « Nous sommes en ordre de marche pour atteindre les 8 % dans la branche et nous voulons mettre à la disposition de tous nos adhérents des services proposés par les CE dans les grandes entreprises », souligne Joseph Crespo, numéro un de la Fédération.

La CFDT partage cette préoccupation de proximité avec ses adhérents, y compris ceux présents dans des entreprises sans section syndicale. « Nous devons renforcer les liens avec nos adhérents pour les fidéliser et attirer des jeunes », déclare Henri Garnier, secrétaire national en charge du développement syndical. La CFDT propose ainsi à ses cotisants une «assurance vie professionnelle» leur ouvrant droit à une assistance juridique s'ils sont mis en cause dans leur activité professionnelle. Et une «caisse de grève» qui verse une indemnité journalière dès le 3e jour non travaillé. Déjà, en 2008, François Chérèque, secrétaire général, faisait référence au « syndicalisme de services » intégrant les préoccupations de salaire, de carrière, de formation, de parcours professionnel...

Récemment, des unions régionales cédétistes ont élaboré un accompagnement individuel avant l'entretien professionnel d'évaluation. Et des militants viennent de mettre en place une plate-forme téléphonique d'information et d'orientation pour les salariés de Roissy. Une initiative qui pourrait servir d'exemple et être déployée nationalement. « Nous devons structurer et mutualiser nos connaissances et professionnaliser des militants pour qu'ils deviennent des «référents» à la disposition de tous nos membres », déclare Henri Garnier. Cette initiative s'ajoute à des services ciblés proposés par les fédérations : assurance «perte de permis» pour les chauffeurs routiers ; mutuelle frais de santé à la métallurgie ; assurance professionnelle pour les infirmières.

La CFE-CGC, elle, offre à ses membres un service d'aide psychologique et d'écoute gratuit, assuré par le cabinet Psya, et une mutuelle Plus Santé à tarifs préférentiels. Ces services s'ajoutent à d'autres plus anciens, ouverts également aux non-adhérents. Pour les problèmes liés à la consommation, par exemple, la CGC propose l'Orgeco ; FO l'Afoc ; la CFDT l'Asseco et la CGT l'Indecosa.

La CGT est présente dans le champ de la santé avec plusieurs centres de soins placés sous la tutelle de l'association Ambroise-Croizat. Celle-ci compte en son sein l'hôpital Pierre-Rouquès «les Bluets», à Paris, propriété des métallos CGT et pionnière, en son temps, de l'accouchement sans douleur.

En devenant des «syndicats de services», les organisations syndicales ne risquent-elles pas de le faire au détriment de l'action et de « perdre leur âme » ? « Non, répond Henri Garnier, il s'agit de se rapprocher de nos membres, de répondre à leurs besoins. » D'ailleurs, les nouvelles initiatives n'empêchent pas la mobilisation et la solidarité. La CFDT continue, ainsi, année après année, à aller enseigner le b.a.ba du droit du travail aux saisonniers via ses caravanes estivales. Tandis que la CGT ne ménage pas ses efforts pour la défense des sans-papiers : ses militants aident à remplir leur dossier en vue d'une hypothétique régularisation.

Le «modèle rhénan»

Hors de nos frontières, là où s'applique le «modèle rhénan», la politique de services semble appréciée, avec un taux de syndicalisation bien plus fort qu'en France. En Europe du Nord, en contrepartie de leur cotisation, les adhérents bénéficient d'avantages divers : assistance juridique gratuite, soutien financier en cas de grève, loisirs à prix réduits, crédits avantageux, conseil fiscal. « La cotisation est alors moins un acte militant qu'une adhésion à une mutuelle multi-services et une forme d'assurance contre les intempéries sociales », écrit l'IST. Une piste pour les syndicats français ?

L'essentiel

1 Le syndicalisme de services consiste à réserver des offres aux seuls adhérents du syndicat. Il est peu pratiqué en France où le syndicalisme s'est historiquement orienté vers la revendication.

2 Toutefois, la modification de la représentativité syndicale, désormais fondée sur l'audience, incite les organisations à mobiliser les électeurs et les adhérents.

3 C'est pourquoi elles développent de plus en plus des offres allant des loisirs à la protection sociale, ou à l'accompagnement juridique.