Le débat d'idées semble jouer au ping-pong entre, d'une part, la tendance à psychologiser les problèmes de souffrance au travail et, de l'autre, à rendre les organisations du travail seules responsables du mal-être des salariés. La question se pose surtout quand il est question de souffrance psychologique des individus au travail, le débat étant bien sûr d'ordre idéologique et politique. En effet, mettre en cause les individus permet de dédouaner les institutions et réciproquement. Comme chaque fois que des positions aussi caricaturales s'opposent, il est légitime de penser que la question est plus complexe qu'il n'y paraît. Une équipe de sociologues, psychologues et ergonomes, sous la direction de Yves Clot et de Dominique Lhuilier, professeurs de psychologie du travail au Cnam, s'emploient à restituer cette complexité pour mieux prendre la mesure des problèmes.

Tomber malade, ce n'est pas seulement être victime, c'est souvent essayer de composer avec l'exigence extérieure. D'où le fait que les maladies professionnelles fonctionnent parfois comme des drogues dures dont il n'est pas facile de décrocher. A défaut d'être des solutions satisfaisantes, elles sont des tentatives pour rééquilibrer la donne dans cette étrange dialectique du travail, toujours entre la joie et la contrainte.

Selon les auteurs, comprendre les enjeux est encore le plus court chemin pour articuler le savoir sur les pathologies du travail et la prise en charge des malades du travail. Sans, bien sûr, mettre hors jeu la dimension collective et sociale.