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Les psys de l'Afpa en plein transfert

Les pratiques | publié le : 06.04.2010 |

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Les psys de l'Afpa en plein transfert

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L'encre de la convention collective à peine sèche, Pôle emploi doit maintenant gérer l'arrivée de 1 000 professionnels de l'orientation issus de l'Afpa. Et répondre aux nombreuses interrogations que suscite cette nouvelle période de transition.

Chamboulement à l'Afpa. Depuis le 1er avril, 909 professionnels de l'orientation de l'Association pour la formation des adultes, parmi lesquels 598 psychologues du travail et 198 assistants techniques, ont rejoint les équipes de Pôle emploi, en application de la loi du 24 novembre 2009 sur l'orientation et la formation professionnelle.

Rattachés à une nouvelle direction de l'orientation et de la formation professionnelle, ces arrivants doivent désormais constituer des équipes d'orientation spécialisées (EOS) et délivrer une nouvelle prestation d'orientation professionnelle spécialisée (Pops), co-élaborée avec l'Afpa. « L'objectif étant de construire des plates-formes de services pour avoir une offre en matière d'accompagnement renforcé », précise Marc Picquette, directeur du projet de transfert de l'orientation à Pôle emploi.

Les psychologues du travail doivent, ainsi, apporter un second degré d'expertise aux côtés des conseillers. Concrètement, ils continueront d'accompagner en moyenne de 350 à 400 demandeurs d'emploi au cours de trois entretiens (comme auparavant), en utilisant, éventuellement, des outils complémentaires.

Plan de développement des compétences renforcé

Pour réussir leur intégration dans un contexte compliqué par la fusion Assedic-ANPE, la crise économique, ou encore la perte de sens du travail ressentie par de nombreux conseillers, les nouveaux salariés du service public de l'emploi devraient suivre un séminaire d'accueil de trois jours. « Ils bénéficieront aussi d'un plan de développement des compétences renforcé », ajoute Marc Picquette.

Mais, malgré plusieurs réunions quadripartites (entre les organisations syndicales et les directions des deux organismes publics), le transfert heurte encore les consciences et suscite des inquiétudes sur les conditions d'exercice des psychologues du travail. Matérielles d'abord, vu l'exiguïté de certaines agences de Pôle emploi. Sans compter que certains devront, dorénavant, travailler à plus de 80 kilomètres de leur domicile.

« Comment s'assurer du respect de la confidentialité, qui fait partie de la déontologie des psychologues du travail, si les bureaux sont en open space ? », s'inquiète, par ailleurs, Jean-Paul Dekooninck, secrétaire national CFDT. « Faute de place à Pôle emploi, un bon tiers des psychologues concernés par le transfert vont, dans un premier temps, continuer d'exercer dans leurs locaux à l'Afpa », ajoute Patrick Vallejo, représentant CGT Afpa. Des difficultés pratiques que ne nie pas la direction de Pôle emploi. « Au 1er avril, un tiers des psychologues du travail ont intégré les plates-formes de services déjà existantes ; un tiers, les agences de Pôle emploi ; un tiers sont restés dans leurs locaux. L'objectif étant d'atteindre 80 % de plates-formes communes d'ici à la fin de l'année. En attendant, dans les agences, les psychologues du travail pourront disposer d'une salle pour faire passer les tests », rassure Marc Picquette.

Mais surtout, les psychologues du travail s'inquiètent du maintien à terme de leur titre, « qui conditionne l'exercice de leur métier », selon Chantal Noël, déléguée syndicale Sud Afpa. Autant dire que les prochaines négociations qui vont s'ouvrir pour adapter leur statut à la convention collective de Pôle emploi risquent encore d'être houleuses.

Conseillers ou psychologues ?

Selon l'article 53 de la loi du 24 novembre, les partenaires sociaux ont quinze mois au maximum pour s'accorder sur les évolutions nécessaires en termes de statut et de classification notamment. En attendant, les salariés transférés « demeurent, à titre transitoire, régis par l'accord du 4 juillet 1996 sur les dispositions générales régissant le personnel de l'Afpa » et conservent, par exemple, leur rémunération, leur temps de travail, leur classification.

« Aujourd'hui, il n'y a pas de correspondance entre les emplois existants à Pôle emploi et ceux des ex-Afpa. Seront-ils conseillers ou psychologues ? Actuellement, ils recherchent le meilleur compromis possible pour les demandeurs d'emploi. Demain, sous prétexte qu'ils seront salariés de Pôle emploi, devront-ils les pousser à accepter n'importe quelle formation pour faire baisser le chômage ? », s'interroge Chantal Noël.

« Nous avons obtenu des garanties sur la définition de leurs missions et le contenu des emplois, se console Patrick Vallejo. Nous allons maintenant devoir nous assurer qu'ils conservent leur titre. » Malgré ces incertitudes, l'Afpa a peiné à convaincre 274 employés de rester dans le cadre de son futur service Afpa transition. Preuve, pour les syndicats, que la confiance en l'avenir de l'Afpa n'y est plus.

L'essentiel

1 Un millier de professionnels de l'orientation de l'Afpa ont rejoint Pôle emploi depuis le 1er avril pour renforcer l'offre en matière d'accompagnement des demandeurs d'emploi.

2 L'intégration physique dans les locaux se fera progressivement au cours de l'année 2010.

3 Des négociations devront s'ouvrir pour s'accorder, dans un délai de quinze mois, sur les évolutions nécessaires des statuts. Les syndicats s'inquiètent notamment de la possibilité, pour les psychologues du travail, de conserver leur titre.