La menuiserie industrielle lotoise Noël a engagé, depuis deux ans, un plan de prévention des TMS, à la suite de risques importants détectés par le service de médecine du travail. L'entreprise, qui emploie 120 personnes, fabrique sur deux sites distincts des menuiseries en PVC et des fermetures en bois traditionnelles en petites séries pour une clientèle d'entreprises artisanales du bâtiment.

En concertation avec le CHSCT et la direction de l'entreprise, un ergonome, embauché par l'ASTL, association locale prestataire pour la médecine du travail, a entrepris un diagnostic global des risques. « Cette démarche a pris en compte l'ensemble des facteurs techniques, mais également organisationnels, car si, en matière de TMS, les causes biomécaniques - répétitivité des gestes, poids des charges - sont évidentes, elles sont associées à des facteurs organisationnels et psychosociaux, plus complexes à déceler. Cela nous a permis, par exemple, de repérer que la cause de certains mauvais gestes et postures était en partie due à un dysfonctionnement des bons de commande », précise Philippe Meschine, ergonome d'ASTL.

L'étude des postes de travail a été réalisée par l'entreprise avec des outils spécifiques de type Osha*, « mais c'est bien la démarche globale et partenariale avec l'ensemble des opérateurs et la direction qui nous a permis de trouver les solutions correctrices adaptées », poursuit l'ergonome. Le diagnostic TMS, porté par la direction, a associé l'ensemble des salariés, intégrés sur la base du volontariat à des groupes de travail. Une réorganisation de la production en deux équipes de sept heures a été réalisée au même moment. « La réorganisation a été un facteur de progrès, car, en améliorant les flux, nous avons réduit la pression sur les opérateurs, explique Eric Faure, responsable de l'entreprise Noël. Il y a dans la démarche la preuve que la prise en compte du facteur humain est au coeur de la productivité. Les indicateurs de santé au travail ont d'ailleurs été intégrés dans les tableaux de bord de la direction. Entre 2004 et 2010, la production/jour est passée de 160 menuiseries à 250. Dans le même temps, l'absentéisme a chuté de 144 jours d'arrêt de travail en 2006 à 10 en 2009. »

Pour pérenniser la démarche de prévention, l'entreprise a recruté un responsable hygiène et sécurité en contrat d'alternance et formé avec la Cram le responsable qualité, comme référent TMS interne. Pour enrichir sa méthodologie, l'ASTL souhaite faire de cette intervention un cas d'école en matière d'interdisciplinarité en santé au travail.

L'association lotoise s'inscrit dans une démarche globale, initiée depuis 2004, par la direction du travail de Midi-Pyrénées, la médecine du travail et le Midact (délégation Anact en Midi-Pyrénées), baptisée Cap pluridisciplinarité. La collaboration entre médecins du travail et IPRP (intervenant en prévention des risques professionnels) est notamment encouragée : « Cela me permet de compléter mon intervention par une expertise plus poussée, que je n'aurais pas le temps de réaliser seule, explique Christiane Molières, médecin du travail à l'ASTL. Nous avons instauré une démarche commune, en sachant que notre collaboration est permanente et quotidienne. Mais les clés de la réussite restent dans les mains de l'entreprise. Médecins et ergonomes, nous ne sommes que les prescripteurs de la démarche. »

Pour ouvrir un peu plus le champ de la pluridisciplinarité, l'ASTL a embauché, en 2009, deux nouveaux IPRP, un psychologue et un intervenant spécialiste des risques psychosociaux.