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Les pratiques

Grande-Bretagne Le conflit entre British Airways et le syndicat Unite s'enlise

Les pratiques | publié le : 06.04.2010 |

En discussion depuis un an avec son personnel navigant, British Airways s'est préparé à la grève en louant des appareils et des équipes à d'autres compagnies aériennes européennes. Pour certains observateurs, la volonté de «briser» l'action syndicale ne fait aucun doute.

Depuis ces dernières semaines, Willie Walsh, le directeur général de la compagnie aérienne britannique British Aiways, est devenu le cauchemar du syndicat Unite, représentant ses 14 000 membres du personnel navigant commercial. Les négociations remontent pourtant déjà à plus d'une année : à l'image de l'ensemble des compagnies aériennes européennes, BA a réalisé un exercice financier 2008-2009 particulièrement médiocre, avec des pertes imposables de 401 millions de livres alors qu'elle avait gagné 922 millions une année auparavant. Pour remédier à cette situation, la compagnie aérienne a lancé, durant l'été 2009, un plan de restructuration, incluant notamment la suppression de 3 500 emplois supplémentaires. Si le gel des salaires pendant deux années a été accepté par Unite, la mise en place d'une nouvelle grille de rémunération démarrant à 11 000 livres a immédiatement suscité l'opposition syndicale sous prétexte que cette initiative « pourrait créer un système à deux vitesses ». Après l'échec d'un premier tour de négociation, les personnels de cabine de la compagnie aérienne s'étaient déjà prononcés en décembre, à une majorité écrasante, en faveur d'un arrêt de travail, lors d'un scrutin organisé par Unite mais qui avait ensuite été invalidé par la justice britannique.

Remplacer les éventuels grévistes

Le conflit est ensuite monté d'un cran ces dernières semaines, avec l'organisation de deux mouvements de grève successifs de trois et quatre jours, fin mars. Mais, à la différence des conflits antérieurs, la direction de BA a pris des mesures pour se protéger contre les effets néfastes d'un conflit prolongé : elle a notamment lancé un appel aux volontaires parmi d'autres salariés comme les pilotes ou le personnel d'escale pour qu'ils remplacent, en cas de besoin, les éventuels grévistes, moyennant une formation accélérée de 21 jours ; un millier se seraient portés volontaires. Initiative jugée immédiatement « cynique » par Unite, qui a estimé qu'il fallait des mois pour former correctement un employé de cabine.

BA a également loué une vingtaine d'appareils entièrement staffés et appartenant à d'autres compagnies européennes. Enfin, le conflit est également monté d'un cran avec la décision prise par la direction générale de supprimer purement et simplement les avantages de voyages traditionnellement accordés aux personnels d'une compagnie aérienne - tarifs réduits sur les voyages par exemple -, à tous ses salariés qui feraient grève, au motif qu'il s'agit d'un avantage non-contractuel et soumis à la discrétion de la compagnie aérienne.

« Le conflit qui oppose actuellement la direction de British Airways à son personnel navigant n'est pas représentatif des relations entre syndicats et patronat outre-Manche, explique Mike Emmott, conseiller en matière de relations avec les salariés au sein du CIPD. Ce conflit est teinté d'une notion de fierté nationale assez forte et s'inscrit dans des relations industrielles traditionnelles, en contradiction avec les relations souvent modernes qui ont marqué les conflits de ces dernières années au Royaume-Uni. »

Confiance des actionnaires et des investisseurs

Dans une lettre ouverte au quotidien britannique the Guardian, fin mars, une centaine d'universitaires appartenant aux plus prestigieuses universités britanniques ont dénoncé la position de Willie Walsh, qu'ils accusent de vouloir « casser l'action syndicale ». Reste que la compagnie garde la confiance des investisseurs et des actionnaires : le prix de l'action de BA a grimpé de 14 pence au cours du dernier mois. Sur le terrain, Unite s'est engagé à ne pas lancer un nouveau mouvement de grève avant le 14 avril, ce qui laisse encore une fenêtre de négociations possibles.