«Nous mettons en place une instance de dialogue au niveau mondial représentant quelque 65 000 salariés de différents métiers de Danone », déclare Marc Grosser, directeur des affaires sociales et de la responsabilité sociétale du groupe. « Elle prend la suite de nos instances européennes en s'élargissant aux salariés des pays d'Amérique du Nord et du Sud, d'Afrique et à l'Indonésie », précise-t-il. La première réunion de la nouvelle structure date d'octobre 2009, mais la tradition de représentation multinationale des salariés remonte loin chez Danone.

Dès 1986, bien avant la législation communautaire sur les comités d'entreprise européens, Danone s'est réuni annuellement avec les organisations européennes affiliées à l'Uita, l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes. Le comité d'information et de consultation (CIC) européen de Danone, formellement créé en 1996, intégrera, en 2010, les 15 000 salariés des pôles baby et médical, ex-Numico, racheté en 2008 et doté de son propre comité européen.

Lors de la création du CIC, la délégation syndicale avait été limitée à 50 personnes : 30 représentants du personnel, salariés du groupe Danone, et 20 permanents syndicaux désignés par l'Uita. Selon l'accord conclu pour la mise en place du CIC, déposé au Bureau international du travail (BIT) à Genève, le CIC doit être informé sur les orientations stratégiques et peut traiter des sujets aussi divers que les projets, les restructurations, la formation, l'emploi, l'égalité des chances, la santé... Il peut également recourir, chaque année, à un expert, aux frais de Danone.

En devenant mondial, le CIC passe à quelque 75 membres avec des représentants issus des différents métiers : produits laitiers, eaux embouteillées, nutrition infantile, nutrition médicale. « Chaque business unit employant 200 personnes a droit à un siège et à un autre si son chiffre d'affaires dépasse les 500 millions d'euros », explique Marc Grosser.

La première réunion, au mois d'octobre 2009, a permis de rassembler des syndicalistes d'une vingtaine de pays affiliés à l'Uita, à l'exclusion de ceux qui, comme l'Arabie saoudite ou la Chine, ne comptent ni représentation du personnel ni syndicat libre. Pour la première fois, la réunion plénière a été précédée d'une journée spécifique par métier, permettant d'avoir une analyse économique approfondie pour chacun d'eux.

Un comité de pilotage de six membres se réunit chaque trimestre. Chaque membre bénéficie d'une formation économique de deux jours et de visites d'une semaine dans l'une ou l'autre des implantations de Danone à travers le monde. Cette année, le comité doit aller constater les bonnes pratiques en matière de sécurité et de conditions de travail de Danone en Argentine. Il doit aussi préparer une négociation sur le stress et les conditions de travail, venant après des accords sur le droit syndical, l'égalité professionnelle, la diversité...

Patrick Dalban-Moreynas, représentant l'Uita dans le CIC, se réjouit de l'existence d'une telle instance tout en regrettant que la volonté de dialogue ne soit pas toujours partagée au niveau de chacune des unités du groupe...