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Décider malgré tout

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 06.04.2010 |

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Décider malgré tout

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Les personnes qui font avancer les choses se caractérisent souvent par une bonne capacité de décision. Elles sont davantage leaders qu'adeptes de l'attentisme. Et si l'on se posait la question pour soi-même ? Ce n'est pas toujours facile de décider, on peut se sentir bousculé par le temps ou avoir peur de se tromper. On a l'impression de ne pas avoir assez d'informations, on aimerait recueillir plus d'éléments, or il faut se déterminer... Alors, comme par réflexe, on temporise. Chez soi, la décision traîne, on se dit qu'on n'a pas eu le temps, ou que le choix n'est pas encore mûr. Au travail, sur certains sujets, on a du mal à arbitrer, on discute et on discute encore. La réunion se termine sans qu'on ait pris de décision.

C'est vrai que choisir, c'est s'engager. Certaines personnes traînent dans leurs décisions pour ne pas se confronter à ce moment délicat. Même pour acheter une voiture, la décision peut être longue. Tant qu'on n'a pas finalisé son choix, tous les modèles nous appartiennent, du moins en rêve. Dès que l'on est fixé, on perd les autres possibles. Choisir, c'est renoncer.

Malheureusement, à notre époque, temporiser nuit à l'efficacité. Les situations que l'on gère sont compliquées, c'est entendu, mais on n'aura pas forcément davantage d'éléments plus tard. L'attentisme n'apporte donc rien. Dans la plupart des cas, l'information supplémentaire viendra de la plongée dans le concret, de «l'expérience», et non d'un surplus d'observation ou d'analyse. Il faut donc y aller, au lieu de tergiverser.

On risque de faire des erreurs ? Bien sûr, mais, au moins, les choses seront en mouvement. Rien de pire que l'immobilisme quand les membres de l'équipe attendent de l'action. Il sera toujours temps de redresser la situation si cela s'avérait nécessaire. Quand l'incertitude règne autour de soi, mieux vaut avancer, explorer, tenter des choses nouvelles. C'est le meilleur moyen de sortir de la zone d'inquiétude. Analysons, par exemple, une décision sur laquelle nous traînons en ce moment. Dans notre esprit, que risquerait-il d'arriver de pire si nous décidions maintenant ? Serait-ce objectivement très grave ?... ou avons-nous principalement la crainte de ne pas prendre la bonne décision. Les vrais leaders se trompent aussi, ils ne sont pas infaillibles, néanmoins ils continuent d'avancer et de décider. C'est cette qualité qui construit petit à petit leur succès.

Bien sûr, décider ne veut pas dire ignorer les autres, surtout quand on est manager. Le leader écoute avant de décider. Il souhaite bénéficier de la richesse des perspectives d'autrui. Il fait également attention à ne pas se substituer à ses collaborateurs. Car s'il le fait, les membres de l'équipe s'énervent, puis, très vite, se désengagent. Pourquoi faire des efforts, pensent-ils, puisque le manager va tout relire derrière nous et donner son avis sur chaque dossier ?... Autant lui apporter d'emblée les sujets à décider. C'est ainsi que l'esprit «locomotive» trop envahissant nourrit l'esprit «wagon». Si décider c'est se confronter à la réalité, chacun a droit à sa part d'expérience concrète et d'apprentissage.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. < www.lesaget.com >