« Huit grands engagements de la direction, assortis des moyens nécessaires » : ainsi s'articule le plan de Stéphane Richard, nouveau directeur général de France Télécom, présenté à la presse le 25 mars comme « une réponse à la crise sociale que l'entreprise continue de traverser ». Entre 2008 et 2009, 35 salariés de l'opérateur de téléphonie ont, en effet, mis fin à leurs jours.

Parmi ces engagements (lire ci-dessous) figurent, notamment, la volonté de « renouer avec une politique de l'emploi active », ce qui se traduira par une stabilisation des effectifs et 3 500 embauches, mais aussi par un nouveau pilotage de la performance avec des objectifs donnant plus de place au collectif et une rémunération variable du top management en partie fondée sur des critères sociaux (30 % du variable pour 1 100 cadres dirigeants).

L'entreprise s'engage aussi à respecter le volontariat en matière de mobilité et à suspendre les mobilités à trois ans de la retraite. Ce point avait été jugé particulièrement sensible par les salariés interrogés sur leurs conditions de travail par le cabinet Technologia à l'automne dernier. « Nous prenons aussi l'engagement de préserver l'activité sur les petits sites, comme à Voiron ou à Abbeville, par exemple », a complété Delphine Ertnotte, la directrice des opérations France qui accompagnait Stéphane Richard.

Pour rapprocher l'entreprise de ses salariés, « une décentralisation des décisions de recrutement, de gestion des congés, de la formation, des promotions » sera mise en oeuvre, et 150 nouveaux DRH «de proximité » sont en cours de recrutement.

Ces mesures managériales sont présentées comme l'aboutissement d'une série de réunions avec les 120 directeurs opérationnels français du groupe depuis décembre.

Une partie d'entre elles, comme celles qui concernent les mobilités - ayant fait l'objet d'un accord signé il y a quelques semaines -, celles qui prévoient le renforcement des effectifs RH ou encore l'abandon du dogme de l'individualisation des rémunérations, avait déjà été présentée aux partenaires sociaux dans les mois précédents.

« Un certain nombre de choses étaient actées, confirme Pierre Morville, le délégué central CFE-CGC. Il nous paraît, néanmoins, important que le directeur général prenne l'initiative de convoquer la presse et s'engage formellement sur ces points d'amélioration. »

Politique de l'emploi 3 500 recrutements en 2010, mise en place d'une GPEC, priorité aux recrutements d'apprentis.

Dialogue social Réunion avec les syndicats sur le sujet le 29 mars, lancement de la négociation GPEC, deux accords récents (mobilité et équilibre vie privée-vie professionnelle), quatre en cours de négociation.

Mobilité Conformément à l'accord signé : mobilité basée essentiellement sur le volontariat. Pas de mobilité à moins de trois ans de la retraite, préservation de l'activité des petits sites.

Rapprocher l'entreprise de ses salariés et de ses clients Décentralisation pour les décisions simples de recrutement, formation, congés... Marges de manoeuvre locales pour mieux gérer les difficultés des clients.

Confort au travail Améliorations sur 800 sites, 20 % du budget informatique consacré à l'amélioration du confort d'utilisation des salariés. 270 espaces de convivialité créés sur des sites.

Personnes en difficulté Engagement à rester en contact avec les personnes en situation difficile éloignées de l'entreprise. Formations à la détection des situations sensibles pour 6 000 managers. Recrutement de médecins et d'assistants sociaux. Création d'une direction de l'environnement du travail. Recrutement de 150 DRH de proximité.

Pilotage de la performance Objectifs revus pour donner plus de place au collectif. La performance sociale entre dans les critères d'évaluation et de rémunération de 1 100 managers.

Mesure et pilotage du plan Un baromètre social dès juin 2010 (résultats pris en compte dans l'évaluation des managers).