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« Une évolution des objectifs de la gouvernance d'entreprise est possible »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 30.03.2010 |

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« Une évolution des objectifs de la gouvernance d'entreprise est possible »

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E & C : Selon vous, pourquoi assiste-t-on à un regain de conflictualité dans les entreprises sur la question du partage des profits ?

P. P. : Il me semble qu'il s'agit plus globalement d'une dégradation des relations du travail. La gestion à travers le prisme anglo-saxon, avec la théorie de l'«actionnaire propriétaire», a imposé pour le management un devoir d'agir au profit des actionnaires. Cette exigence est même rappelée dans le code de gouvernance Medef-Afep, qui précise que le conseil d'administration veille à l'intérêt des actionnaires.

Le cours de Bourse est devenu la boussole du dirigeant d'entreprise au capital dispersé. Un divorce s'en induit fréquemment entre le management et les salariés. D'autant plus que, comme l'indique le rapport Cotis, l'écart des rémunérations dans l'entreprise s'est beaucoup creusé, notamment au détriment des salaires médians.

E & C : Comment restaurer la confiance dans ce cas ?

P. P. : Il ne s'agit pas seulement d'un nouveau partage des profits. Dans ce cas, le Medef aurait beau jeu de dire qu'il n'y a pas de croissance à partager. De fait, le taux de croissance de la productivité de nos entreprises a peu augmenté depuis vingt ans, par exemple par rapport à l'Allemagne. Le nouveau paradigme est bien de restaurer la confiance et le dialogue, ce qui semble possible par une évolution des objectifs de la gouvernance des entreprises, sans parler de la légitimité syndicale, qui demeure une difficulté. Depuis la loi Tepa, on s'est efforcé de lier les salaires des dirigeants à la performance de l'entreprise. Le Medef a d'ailleurs aussi établi des recommandations dans ce sens. Mais, jusqu'ici, il s'est trop souvent agi de la seule performance boursière.

Aujourd'hui, l'objectif de création de valeur pour les «parties prenantes» se renforce par rapport à l'approche actionnariale dominante. Même si les salariés n'y sont pas mentionnés de manière centrale comme des parties prenantes, le code de gouvernance Middlenext (capitalisations de taille moyenne) introduit la notion d'éléments contextuels de recherche de valeur et de long terme qui vont dans ce sens. Il faut, en effet, progresser vers la mise en oeuvre d'objectifs et de critères d'évaluation de l'action managériale s'intégrant dans la recherche de l'intérêt social, le long terme et la satisfaction de toutes les parties prenantes.

* Philippe Portier a notamment participé aux travaux de Middlenext sur son «code de gouvernement d'entreprise».

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