logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Au-delà du salaire : les «trois tiers» illustrés

Enquête | publié le : 30.03.2010 |

Image

Au-delà du salaire : les «trois tiers» illustrés

Crédit photo

Ancrée culturellement dans l'entreprise, la redistribution des profits de l'avionneur, fondée sur l'épargne salariale, équivaut pour les salariés à plus de quatre mois de salaire par an.

Patricia Sevault, DRH adjointe de Dassault Aviation, n'ignore rien des convictions de son patron. En 1977, Serge Dassault, fils cadet de Marcel, signait un ouvrage intitulé Pour la gestion participative. C'était avant qu'il devienne le Pdg de la Société des avions Marcel Dassault-Breguet Aviation, devenue, depuis 1990, Dassault Aviation. « Il marchait ainsi dans les pas de son père, convaincu très tôt que, pour qu'une entreprise gagne de l'argent, il fallait que les salariés profitent des résultats », explique la DRH. Il fallait aussi qu'ils en comprennent les mécanismes économiques et les enjeux, d'où la diffusion de cours d'économie auprès de l'ensemble du personnel.

Culture d'entreprise

Ce concept ancien, d'inspiration gaulliste et très ancré dans la culture d'entreprise de Dassault, prend forme dans une politique d'épargne salariale améliorée. D'abord avec la participation et son accord dérogatoire. « Nous avons une réserve spéciale divisée en trois parts : une pour les investissements injectés dans l'entreprise ; une pour les actionnaires représentés par la famille Dassault et l'Etat via EADS ; et la dernière pour les salariés », décrit la DRH adjointe. A l'arrivée : une redistribution de l'ordre de près de quatre mois de salaire.

Ainsi, l'année 2008 a permis le versement d'une prime égale en moyenne à 14 000 euros. « En 2007, elle avait atteint près de 12 000 euros », précise Patricia Sevault.

Depuis 1984, s'ajoutent les fruits de l'intéressement, basé sur les résultats courants. Plafonné à 14 millions d'euros, il représente 1 600 euros annuels par salarié.

Ici et là, d'autres «plus» viennent garnir l'enveloppe générale, comme la prime Salon du Bourget, de 100 à 200 euros, et l'abondement au Perco, dont le budget 2010, décidé en NAO, se chiffre à 1 million d'euros.

Consensus

L'antériorité de la démarche et l'attachement évident des salariés à ces compléments produit dans l'entreprise un certain consensus. D'ailleurs, l'ensemble des accords participation, intéressement ou plan d'épargne entreprise a été signé par toutes les organisations syndicales.

Mais jusqu'à quand ? La NAO, insatisfaisante pour certains, notamment la CGT, a remis à l'ordre du jour le vieux débat sur les risques de substitution au salaire ou, tout du moins, de limitation de sa progression. Pour Stéphane Launay, secrétaire de la CGT du site d'Argenteuil, « la direction se sert de la participation pour faire valoir que ses salariés gagnent bien leur vie. Et se targue qu'aucun ne gagne en dessous de 1 600 euros. Ce qui est faux si l'on raisonne uniquement sur les salaires ». Si la CGT a signé l'accord sur la participation, le syndicat déplore que le montant des primes versées en épargne salariale soit l'argument de la direction justifiant la faible augmentation des salaires cette année.

DASSAULT AVIATION

• Activité : construction aéronautique.

• Effectifs : 8 350 salariés (12 400 monde).

• Chiffre d'affaires monde 2008 : 3,75 milliards d'euros.