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Les pratiques

Michelin a évité les départs contraints

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 23.03.2010 |

Près de 70 % des salariés de Michelin concernés par les 1 093 suppressions de postes bénéficieront d'une «mesure d'âge» ou d'une mutation sur un autre site du groupe.

En juin dernier, Michelin annonçait un regroupement d'activités de ses sites de Montceau-les-Mines (71), de Joué-lès-Tours (37) et de Noyelles-lès-Seclin (59). Une réorganisation qui devait notamment entraîner la fermeture de cette dernière usine ainsi que la suppression de 1 093 postes sur les trois sites.

Neuf mois plus tard, le groupe de pneumatiques clermontois, qui vient de présenter, le 3 mars, un premier bilan, affiche sa satisfaction. « Du fait de la large palette de mesures d'accompagnement proposées, les suppressions de postes ne donneront lieu à aucun départ contraint à Montceau et à Tours, conformément à nos engagements initiaux », explique Frantz Bléhaut, directeur de Michelin France.

Première source de fierté pour le groupe, le «succès» des mobilités internes : 228 personnes, soit un quart des salariés visés par une suppression de poste, et un tiers des 278 salariés du site de Noyelles-lès-Seclin ont choisi de rejoindre un des 14 autres sites du groupe. Celui des Gravanches, la zone industrielle de Clermont-Ferrand, accueillera la moitié d'entre eux (110 personnes). « L'option mobilité interne, qui nous permet de préserver nos compétences, avait toutes les faveurs du groupe, souligne le directeur. Nous nous étions engagés à proposer au minimum deux postes à chaque personne concernée. » Les salariés mutés bénéficient également des aides à la mobilité (aide au déménagement et à la recherche d'emploi pour le conjoint) mises en place à cet effet.

Départs volontaires

Outre les mutations, 516 personnes âgées d'au moins 57 ans, soit la quasi-totalité des salariés éligibles, ont accepté une «mesure d'âge», qui leur permet de réduire de deux tiers le temps qu'il leur reste à travailler jusqu'au jour de leur départ à la retraite, tout en percevant 80 % de leur rémunération. « Cet aménagement nous permet d'atteindre à 80 % notre objectif d'ajustement des effectifs sur le site de Joué-lès-Tours et à 50 % celui du site de Montceau-les-Mines, dont la moyenne d'âge est légèrement plus faible », explique Frantz Bléhaut.

Sur les sites non concernés par la réorganisation, les salariés âgés ayant des velléités de départ ne sont cependant pas en reste : lancé parallèlement au plan de restructuration, un plan de départs volontaires les autorise à réduire de moitié le temps qu'il leur reste à travailler, contre une baisse de rémunération de 20 %. Le plan, qui a déjà remporté l'adhésion de 1 875 personnes (dont seulement 70, plus jeunes, ont fait valoir un projet professionnel extérieur à l'entreprise), permet au groupe, notamment, de créer, dans un « contexte conjoncturel de sous-activité », l'appel d'air nécessaire à l'accueil des salariés mutés.

Transition professionnelle

Enfin, les 347 salariés non éligibles à des mesures d'âge et ne souhaitant pas être mutés ont accepté un «départ accompagné». En fonction de leur ancienneté et de leur projet, ils partent avec une prime comprise entre 32 000 et 60 000 euros. Michelin a également mis en place, à leur intention, des ateliers de transition professionnelle, un dispositif d'accompagnement qui avait fait la preuve de son efficacité à l'occasion de la fermeture de l'usine Kléber de Toul, en 2008 (lire Entreprise & Carrières n° 909, 3 juin 2008). A ce jour, 95 % des ex-salariés du site ont, en effet, trouvé une «solution durable». « Michelin se donne les moyens de ses engagements », souligne Cyrille Poughon, délégué syndical CFDT, qui se réjouit de l'absence de départs contraints tout en indiquant rester vigilant sur les conditions de travail des salariés qui restent. Son inquiétude est partagée par Michel Chevalier, le délégué syndical central CGT, qui évoque une forte désorganisation sur le terrain : « Les suppressions de postes conduisent à un état de sous-effectif permanent et à une intensification du travail. Sur le seul site de Montceau-les-Mines, 20 accidents du travail, dont un mortel, ont eu lieu depuis le début de l'année. »

Le groupe Michelin emploie 22 000 personnes en France et 109 000 dans le monde.

LE PLAN DE RESTRUCTURATION DANS LES DÉTAILS

Le 17 juin 2009, Michelin annonçait un plan de compétitivité visant à renforcer la spécialisation de ses usines françaises sur des produits à forte valeur ajoutée. Autrefois répartie sur les deux sites des Gravanches et de Noyelles-lès-Seclin, la production de pneus haut de gamme sera désormais regroupée sur le seul site auvergnat, au détriment de l'usine nordiste, dont la fermeture est prévue au cours de l'année.

Le site de Montceau-les-Mines perd son activité de pneus tourisme, pour se concentrer sur la production de pneus dédiés au génie civil. L'usine accueillera également l'activité de mélange de gomme, réalisée jusqu'à présent sur le site de Joué-lès-Tours, qui se spécialisera, pour sa part, sur le pneu poids lourds. Ces deux sites devraient bénéficier d'un investissement respectif de 50 et de 15 millions d'euros.