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Les pratiques

Cisco France a fait de son siège un immeuble témoin

Les pratiques | publié le : 09.03.2010 |

En 2009, le spécialiste mondial des systèmes de communication a réaménagé son siège francilien, dont la capacité d'accueil a presque doublé, grâce à des installations high-tech. Mais les salariés seraient de moins en moins nombreux à venir y travailler.

Le siège francilien de Cisco Systems est un modèle de bâtiment «branché». Des technologies dernier cri équipent les salles de «téléprésence», pour des réunions aux quatre coins du monde sur écrans plasma. Des salariés casqués utilisent des téléphones IP avec webcam pour se voir et se parler... même d'un étage à l'autre. Et dans l'élégant restaurant d'entreprise, encore des écrans, diffusant des informations en continu. A Issy-les-Moulineaux, le spécialiste mondial des routeurs et systèmes de communication a fait du QG français une vitrine de son savoir-faire.

Des plateaux «à taille humaine»

Dix mois de travaux en site occupé ont abouti à ce que les équipes commerciales et support travaillent toutes en open space. Exit les 80 bureaux assignés. Il n'en reste plus qu'une dizaine (sur sept étages), pour des cadres des directions juridique, financière et RH. Depuis un an, les équipes fréquentent des plateaux «à taille humaine» - une douzaine de personnes, managers compris -, où l'acoustique et la hauteur des cloisons ont été repensées. Si un salarié veut s'isoler pour un face-à-face ou pour se concentrer sur un dossier, des box appelés APR (audio privacy room) sont à sa disposition. Non attitrés. Les seules salles à réserver sont dédiées aux réunions ou rencontres avec la clientèle.

Salariés «nomades»

Valérie Simier, la responsable des services généraux qui a piloté ce projet imaginé il y a deux ans, raconte : « Nous avions un objectif de croissance des effectifs de 40 % en trois ans. Mais plutôt que déménager, le management a préféré rester dans le pôle technologique », c'est-à-dire dans le voisinage des HP, Microsoft et Orange. Conséquence : Cisco a fait réviser la capacité d'accueil de son immeuble de 550 à 1 000 salariés. L'effet crise a limité leur nombre à 620. Parmi eux, 80 % sont réputés «nomades», c'est-à-dire susceptibles de voyager, de travailler à domicile ou... de se déplacer dans les étages.

Le coût du réaménagement se serait élevé à 35 millions d'euros. L'entreprise n'a pas lésiné sur le mobilier ergonomique : plans de travail réglables en hauteur, sièges Herman Miller à 1 000 dollars pièce, pour tous... Et priorisé ses achats selon des critères de développement durable, pour réduire de 25 % son empreinte CO2. La lumière naturelle est privilégiée, l'éclairage est à led et les moquettes en matériaux recyclés. On évite aussi les trajets en avion, le système Cisco «WebEx» permettant les visioconférences avec partage de documents.

Valérie Simier fait état d'un « taux de satisfaction de 8 % supérieur à celui mesuré avant les travaux, qui était de 49 % ». Selon elle, les IRP (aucune délégation syndicale n'est représentée chez Cisco) ont été associées à toutes les étapes du projet. De même que sept groupes de salariés témoins, appuyés par le cabinet conseil OZ. Ainsi, « les règles de savoir-vivre ont été rédigées par le personnel ».

Elle concède que les salariés ont pu redouter « une perte de territoire ». Mais soutient que la culture d'entreprise, basée sur l'autonomie de chacun et l'habitude du zéro papier, a été très propice.

Manque de convivialité

En coulisse, c'est un autre son de cloche. De façon anonyme, un salarié raconte que « les gens ne viennent plus. C'est beau et propre, mais pas convivial. Beaucoup préfèrent travailler chez eux. L'immeuble est surtout occupé le lundi, pour les réunions. Mais la fréquentation s'étiole les jours suivants. Il n'y a plus que 200 personnes en fin de semaine ». Il poursuit : « Les gens apprécient la flexibilité. Mais son corollaire est une dépendance totale aux outils de communication. Nos relations de travail sont virtuelles et donc génératrices de stress. » L'attachement des salariés reste cependant fort, le turn-over n'excédant pas 2 %.