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Les pratiques

AXA valorise les parcours de ses syndicalistes

Les pratiques | publié le : 02.03.2010 |

Une formation qualifiante doublée d'une VAE est proposée aux cadres syndicaux chez AXA.

Une première promotion de 15 syndicalistes d'AXA France suit actuellement une formation qualifiante à Sciences po. Celle-ci, d'une douzaine de jours sur huit mois, porte sur le management et l'efficacité personnelle, la culture économique et sociale, le syndicalisme et les relations sociales. L'association Dialogues, spécialisée dans les relations sociales, est la cheville ouvrière de ce dispositif, qu'elle porte également chez PSA (lire Entreprise & Carrières n° 984). A l'issue de la formation, chacun devra présenter un mémoire devant un jury pour faire valider ses acquisitions théoriques et son expérience de représentant du personnel. « Nous ne pouvions être juge et partie. Pour faire évoluer les détenteurs de mandat qui exercent une activité syndicale à plein temps, dont la carrière était figée, il nous fallait une évaluation externe », explique Corinne Guillemin, directrice du développement social d'AXA France.

« Ceux qui auront suivi le cycle de formation et réussi leur mémoire pourront grimper d'un échelon selon le système des classifications d'AXA », ajoute-t-elle. Cette mesure ne concerne que les VAE des syndicalistes. Celles des autres salariés peuvent être valorisées lors des évaluations annuelles. Les salaires des syndicalistes à plein temps augmentent, eux, depuis des années, au rythme de la moyenne des augmentations individuelles dans l'entreprise.

La direction compte bien pérenniser cette validation des acquis de l'expérience, qui s'adresse actuellement aux salariés titulaires de mandats de délégués syndicaux centraux, coordinateurs syndicaux, secrétaires de CE et CCE depuis six ans au moins. Soit une centaine de candidats potentiels. En vitesse de croisière, la direction estime le coût à 300 000 euros par promotion de 15 personnes.

Mandat et carrière

Joël Mottier, coordinateur syndical national CFE-CGC, ne cache pas qu'il aurait aimé s'inscrire. « Je regrette de ne pas avoir le temps... Je suis aussi président de la fédération CGC de l'assurance. Ce cursus formation/VAE est très intéressant, ajoute-t-il, car il valorise le parcours des militants et acte le fait qu'ils ont acquis des compétences, parfois fabuleuses. » Pour lui, la démarche offre l'avantage d'éviter le dilemme : syndicalisme ou carrière. Elle lui permet de mobiliser plus facilement des cadres, y compris des cadres supérieurs, pour des mandats syndicaux, « car ils savent qu'ils pourront se repositionner dans leur carrière quelques années après ».

La démarche s'inscrit dans le cadre d'une charte AXA portant sur la reconnaissance du parcours syndical dans le développement de la carrière et l'évolution professionnelle. Celle-ci a été signée, à l'automne dernier, par tous les syndicats de l'entreprise à l'exception de FO.

Entretiens tripartites salarié/manager/RRH

« Des mesures d'accompagnement concernent également les collaborateurs qui souhaitent s'engager dans un parcours syndical », déclare Corinne Guillemin. Ces derniers peuvent bénéficier du soutien des équipes RH lors de la prise de mandat, pendant son exercice et après, avec des entretiens tripartites salarié/manager/RRH. « Discuter de l'articulation des activités professionnelles avec le mandat permet de mettre à l'aise le salarié, le syndicat et le manager, c'est très positif », assure Corinne Guillemin. Pour elle, « la charte reprend en partie des pratiques installées depuis longtemps et vise à instaurer dans la durée l'innovation sociale au sein de l'entreprise ».

Les entreprises s'y mettent doucement

La loi du 20 août 2008 rénovant la démocratie sociale dit qu'« un accord détermine les mesures à mettre en oeuvre pour concilier la vie professionnelle avec la carrière syndicale et pour prendre en compte l'expérience acquise, dans le cadre de l'exercice des mandats, par les représentants du personnel désignés ou élus dans leur évolution professionnelle ». A notre connaissance, AXA est la seule entreprise à s'être dotée d'un texte dédié à la conciliation de la carrière professionnelle et du syndicalisme, ainsi qu'à la valorisation de l'expérience acquise dans ce cadre. Cela dit, la plupart des accords de droit syndical des entreprises comportent maintenant un chapitre consacré à ces deux questions. C'est le cas, par exemple, de PSA, dont l'accord de droit syndical du 22 décembre 2009 prévoit une VAE syndicale. Le constructeur s'appuie sur les mêmes partenaires qu'AXA : Sciences po et l'association Dialogues.

S'exprimant le 19 février au congrès de la CFE-CGC, Xavier Darcos, ministre du Travail, a reparlé d'une « fondation du dialogue social » pour faciliter les initiatives en la matière. Prévue dans la position commune du 9 avril 2008, qui devait, par la suite, aboutir à la loi du 20 août, cette fondation n'a pas encore vu le jour. Le ministre du Travail a également évoqué une réflexion menée par l'association Réalités du dialogue social (RDS) sur l'élaboration d'un répertoire opérationnel des mandats, la construction d'une démarche de GPEC pour les mandatés et sur un «vrai» statut du mandaté, « tant salarial que patronal ». 

EMMANUEL FRANCK

L'essentiel

1 La valorisation du parcours syndical et son articulation avec la vie professionnelle font partie des nouvelles obligations des entreprises, issues de la réforme de la représentativité.

2 Ces dernières s'y mettent lentement, mais AXA, qui met en place une VAE syndicale, est pionnière dans ce domaine.

3 La première promotion vient de démarrer.