En tant qu'acteur majeur de l'informatique, Sogeti pouvait difficilement regarder passer le train du web 2.0 sans prendre lui-même un ticket. C'est chose faite. Depuis la mi-octobre 2009, une plateforme collaborative permet d'unir les 20 000 salariés répartis dans 14 pays (dont la moitié en France) de cette filiale à 100 % du groupe Capgemini spécialisée dans les services informatiques de proximité.

« C'est une initiative qui va dans le sens de l'histoire et qui est appuyée par le comité de direction, convient Eric de Saqui de Sannes, DRH de Sogeti France. Mais la demande émane bel et bien de nos collaborateurs. » A l'origine du projet : un brainstorming lancé en avril 2008 au moyen d'un espace collaboratif déployé pour l'occasion. Menée dans le cadre d'un programme de transformation du groupe, la réflexion avait porté sur le fonctionnement de Sogeti (relation client, technologies, responsabilité sociale et collaboration entre salariés) ; 72 heures de remue-méninges en ligne, qui avaient débouché sur 2 000 idées postées par 4 200 contributeurs.

« Beaucoup suggéraient l'utilisation d'un outil de réseau social pour connecter l'ensemble de la communauté Sogeti », souligne le DRH. La nouvelle solution repose sur les technologies des deux grands partenaires de la SSII. Elle combine ainsi le logiciel social d'entreprise Lotus Connections 2.5 d'IBM, l'application de communications unifiées Office Communicator de Microsoft et Intelligent Application Gateway (IAG), du même éditeur, qui sécurise le dispositif. Microsoft SharePoint est également utilisé pour la gestion et le partage de contenus.

Tous les collaborateurs qui se connectent à la plateforme peuvent y compléter leur profil - créé avec leur adresse mail, leur numéro de téléphone et leur pays de rattachement - et inviter leurs collègues à faire partie de leur réseau. L'outil leur permet de constituer des communautés, par exemple autour d'un grand compte client, et d'utiliser blogs et wikis pour échanger des idées. Les agendas peuvent aussi être partagés.

Le projet a été soutenu par une campagne de communication menée avec l'appui des responsables RH des différentes business units (BU), qui ont animé des réunions sur le sujet. Et la promotion du dispositif est toujours assurée par un réseau de 250 collaborateurs volontaires, les «catalystes». « Les managers doivent aussi montrer l'exemple, reconnaît Eric de Saqui de Sannes. La DRH elle-même anime des blogs et nous incitons nos directeurs de BU à créer leur propre communauté. »

« Mais l'utilisation de la plateforme n'est en rien obligatoire et ne va pas changer fondamentalement notre mode de travail, précise-t-il. Nous avons insisté sur ce point lorsque nous avons présenté l'outil aux partenaires sociaux. ». Séduits, les salariés de la SSII n'ont pas tardé à adhérer à la formule. Selon le DRH, à la fin de l'année 2009 - soit quelques semaines après l'ouverture de la plateforme - plus de 5 000 collaborateurs s'y étaient déjà connectés et l'entreprise enregistre 150 nouvelles inscriptions par semaine.

Principal avantage pour les équipes : un gain de temps sur la recherche d'information. « Le partage d'expérience est démultiplié, commente Eric de Saqui de Sannes. Lorsqu'un projet présente une difficulté particulière, on peut solliciter toutes les filiales pour voir s'il existe déjà une solution. »

Les ressources humaines gardent-elles un oeil sur la plateforme ? « Nous avons fait le choix de ne pas avoir de modérateur. Nous n'avons donc pas de vue globale de ce qui s'y passe. C'est, d'ailleurs, un gage de réussite du projet », répond le DRH. Qui s'intéresse, tout de même, au retour sur investissement de l'outil et n'exclut pas, à terme, de distinguer les meilleurs contributeurs.