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Les pratiques

Conseiller mobilité carrière, une fonction émergente

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 26.01.2010 |

La modernisation de la GRH dans la fonction publique de l'Etat a conduit à l'émergence, dès 2006, d'un nouveau métier : conseiller mobilité carrière. Ils sont aujourd'hui 80 en administration centrale et se développent dans les services de l'Etat en région, dans un contexte de réorganisation.

A côté d'une gestion des agents, qui reste encore largement statutaire, la fonction publique de l'Etat s'efforce d'introduire, depuis plusieurs années, une gestion plus individualisée des parcours, qui vient d'être consacrée par la loi «mobilité et parcours professionnels»*.

Emblématique de cette modernisation de la GRH, le métier de conseiller mobilité carrière (CMC) a fait son apparition, dès 2006, dans le Répertoire interministériel des métiers de l'Etat (Rime). « Un métier alors en émergence, mais dont nous savions qu'il serait un métier d'avenir, dans un contexte de départs massifs à la retraite et de très importantes réorganisations d'administrations au niveau local et central », indique Dominique Pardoux, adjoint-chef du bureau gestion prévisionnelle de l'emploi public à la Direction générale de la fonction publique (DGAFP), la direction qui pilote la modernisation de la GRH de l'Etat.

La mission du CMC est double : conseiller les agents dans leurs projets professionnels et venir en appui des services en matière de réorganisation et de reconversion des personnels. Dès 2008, les administrations étaient d'ailleurs invitées à mettre en place cette fonction, avec l'aide d'un guide méthodologique conçu par la DGAFP. En juin 2009, ils étaient 50 conseillers à suivre, durant douze jours, une formation à la prise de fonction. Un réseau interministériel de conseillers mobilité carrière d'administration centrale s'est constitué dans la foulée, piloté par la DGAFP.

Fonctionnaires de catégorie A

Qui sont ces «pionniers» de la GRH ? Fonctionnaires pour la plupart, ils ont souvent occupé des postes dans la formation ou la gestion du personnel. Tous sont de catégorie A, position la plus élevée dans la structure hiérarchique, « signe de la reconnaissance de ce métier », analyse Dominique Pardoux.

L'exercice varie selon l'organisation et les enjeux de chaque ministère. A la Défense, les conseillers mobilité du pôle carrière, créé en juin 2009, s'occupent exclusivement de la mobilité choisie des personnels civils de catégorie A (5 000 en administration centrale).

Problématique des seniors

Adjointe au chef de pôle, Habiba Abdelhamid met en avant la grande nouveauté de son métier : « La fonction publique sait très bien gérer les carrières, mais la réflexion sur les parcours n'existe pas. «Quelles compétences ai-je acquises et comment les transférer ailleurs ?» sont des questions nouvelles. Notre approche vient en appui de celle des gestionnaires, par exemple sur la problématique des seniors. Arrivé à un certain âge, on plafonne au niveau statutaire. Nous pouvons alors réfléchir à des mobilités transversales qui permettent d'avoir des fins de carrière harmonieuses. »

A Bercy (Economie, Industrie, Emploi, Budget, Comptes publics, Fonction publique), la Mission suivi personnalisé et parcours professionnels (MS3P) s'adresse aux 9 000 agents relevant de la direction des personnels et de l'adaptation de l'environnement professionnel (DPAEP) et travaille sur les deux types de mobilité. La MS3P existe depuis dix ans, mais le recrutement de son nouveau responsable, en 2009, a signalé une volonté de professionnaliser la fonction.

Psychologue du travail de formation et recruté comme contractuel, Loïc Goffe a exercé six ans à Marine Mobilité, la cellule d'outplacement de la Marine. Il arrive avec son expertise et les meilleurs outils utilisés dans le privé : « Nous sommes capables, ici, de réaliser un véritable bilan de cabinet d'outplacement, mais en interne. C'est nouveau et révolutionnaire. » Les mobilités dues à une réorganisation sont prioritaires. En moins de trois mois, la Mission a ainsi «repositionné» 8 agents sur 16 de l'Agence nationale pour l'indemnisation des français d'Outre-mer, qui a été supprimée.

Qu'il s'agisse de mobilité choisie ou subie, tous les entretiens et bilans sont menés en toute confidentialité, comme le prévoit la charte du conseiller mobilité carrière. Seuls les résultats sont partagés avec les bureaux gestionnaires quand il faut retrouver un poste à un agent.

Déploiement en région

Actuellement 80 en administration centrale, les conseillers mobilité carrière se déploient actuellement dans les services de l'Etat en région : en préfecture, dans chaque rectorat, dans les huit centres ministériels de gestion de la Défense et, à un autre niveau, sur les plateformes interministérielles de GRH présentes dans chaque région.

Appréciés des agents et des organisations syndicales - à Bercy, les syndicats sont les principaux prescripteurs de la MS3P -, les CMC ne pourront pourtant pas faire de miracles face aux réorganisations. « Ils ne pourront pas inventer des postes qui n'existent pas, ni gérer seuls les restructurations », estime Brigitte Jumel, de la CFDT. Rappelons que le budget de l'Etat 2010 prévoit 34 000 suppressions de poste.

* Loi du 3 août 2009, JO du 6 août.

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