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Enquête

Les entreprises anticipent l'après-crise

Enquête | publié le : 08.12.2009 |

Les entreprises ont tiré les leçons de la précédente crise économique. Malgré la baisse de leur volume de recrutements, elles maintiennent leur présence sur les campus, préparant la «guerre des talents» de demain.

Les recruteurs n'ont pas oublié à quel point la «rentrée» avait été laborieuse... Suivant le mot d'ordre général de gel des dépenses au lendemain du 11 septembre 2001, les employeurs avaient largement rogné sur leurs investissements en matière de relations avec les écoles et les universités. Privés d'informations sur l'entreprise et ses métiers, les étudiants s'étaient montrés, lors de la reprise, difficiles à convaincre. « Les entreprises, a fortiori celles qui font peu de communication produits, comme les sociétés d'audit, avaient sous-estimé, à l'époque, les effets pervers de ce «stop and go», explique Nicolas Faure, directeur de la plateforme placeOjeunes. Lorsque ces entreprises ont repris le chemin des campus, les étudiants de troisième année qu'elles convoitaient n'avaient pas plus entendu parler d'elles que trois ans auparavant, en sortant de classe prépa. »

Les employeurs présents

Cette année, les écoles n'ont pas eu à souffrir de la désaffection de leurs entreprises partenaires. « L'édition 2009 de notre forum de recrutement, qui rassemble, chaque automne, une cinquantaine d'employeurs, a même compté plus de participants que par le passé, souligne Catherine Marionneau, consultante- conseil carrière chez Audencia, à Nantes. Le nombre d'offres d'embauche et de stage était vraisemblablement moins important, mais les employeurs étaient à pied d'oeuvre. »

Même constat du côté des Mines Paristech : « L'intervention des entreprises, en particulier dans les cursus pédagogiques, est un travail de longue haleine, construit de concert en fonction des objectifs des uns et des autres, souligne Isabelle Liotta, responsable des relations entreprises de l'école. Si nos partenaires ont parfois supprimé quelques opérations de type organisation de soirée, en aucun cas ils n'ont envisagé d'interrompre ce travail de fond. »

Déficit d'image

« Avec une marque employeur qui n'a pas fêté ses 10 ans, nous sommes bien placés pour savoir ce que veut dire construire une marque employeur, en termes de temps et d'argent, souligne Jérôme Eymery, responsable recrutement d'Areva. Pas question d'interrompre des actions dont l'impact est extrêmement important sur le long terme. » Si, jusqu'à présent, Areva a maintenu son volume d'offres à destination des jeunes diplômés, les employeurs contraints à des coupes franches ne raisonnent pas différemment.

Bien que 500 jeunes diplômés - contre un millier auparavant - aient franchi les portes de l'entreprise cette année, et que le groupe soit destinataire d'un nombre de candidatures supérieur aux volumes habituels, Vinci n'a pas voulu amputer d'un euro ses investissements. « Notre politique de relation avec les écoles, qui existe sous sa forme actuelle depuis une petite dizaine d'années, s'est fortement intensifiée entre 2005 et 2008, explique Patrick Plein, directeur du développement des RH chez Vinci. C'est un ancrage indispensable sur lequel nous devons capitaliser. »

Du côté de L'Oréal, c'est la «guerre des talents» de demain que les recruteurs entendent dès à présent préparer. « Continuer à recruter les meilleurs étudiants dans le monde entier, voilà notre antidote à la crise, explique François de Wazières, directeur international du recrutement. Ce sont eux qui nous permettront de booster notre innovation, de renforcer notre compétitivité sur nos marchés historiques et de conquérir de nouveaux marchés partout dans le monde. »

Au-delà du maintien des opérations de séduction, la crise a sensiblement modifié le discours des entreprises à l'égard les jeunes diplômés. « Face à l'afflux de candidatures, certains employeurs n'hésitent pas à accroître leur niveau d'exigence, relève Catherine Marionneau. En position de force sur le marché, ils s'assureront parfois de ne pas être un pis-aller : dans nombre de cas, l'étudiant qui présente une candidature pour un poste de contrôleur de gestion sera tenu de prouver qu'il ne cherche pas un port d'attache avant de filer à Londres ou à New York accomplir son rêve de devenir trader. »

Lien de proximité

D'autres entreprises, considérant qu'elles n'ont rien à gagner de ce rapport de force rétabli en leur faveur, cherchent à créer un lien de proximité avec des jeunes diplômés parfois désorientés. « Si nos volumes de recrutements sont restés importants, la crise a quelque peu modifié nos besoins, explique Sandie Rozental, responsable du recrutement France à la Société générale. Afin d'aiguiller au mieux des étudiants qui envisageaient une carrière dans la banque d'investissement, nous avons dû faire preuve de pédagogie en présentant des métiers peut-être moins connus, mais offrant de belles perspectives, comme le concours de l'Inspection. » Plutôt qu'une communication institutionnelle «classique», la banque a, ainsi, privilégié le contact direct, en renouvelant notamment des opérations comme «Un jour, un CDI». Volonté similaire chez Areva, où les recruteurs n'hésite pas à multiplier les «chats» pour rompre avec la «froideur» d' Internet.

Ambassadeurs

« Les jeunes diplômés sont incomparablement plus tendus que par le passé, reconnaît Jérôme Eymery. Nous insistons particulièrement auprès de nos recruteurs sur l'importance de l'empathie : quelle que soit l'issue de l'entretien, le jeune diplômé que nous avons rencontré est un ambassadeur pour le groupe. »

Bien qu'elle se soit engagée, à travers son plan «Jeunes talents 2009», à réserver un tiers de ses embauches aux jeunes diplômés, la SSII Atos Origin a été contrainte de réduire son volume de recrutement. C'est donc sur sa politique de stages qu'elle mise pour renforcer ses liens avec les futurs diplômés. « La filière des technologies de l'information ne fait plus autant rêver les étudiants, souligne Jean-Marie Simon, le DRH. Pour encadrer les 800 stagiaires accueillis cette année, 250 cadres expérimentés ont été mobilisés. Nous souhaitons que ceux qui font un passage chez nous soient rassurés, tant sur le choix de ce métier que sur les possibilités de carrière offertes par Atos. » Le reste n'étant plus qu'une question de patience.

Les jeux d'entreprise ne connaissent pas la crise

Crise ou pas crise, les «business games» destinés aux étudiants continuent à être plébiscités par les entreprises. La Société générale vient, ainsi, de donner le coup d'envoi de la quatrième édition de «Citizen Act», un jeu qui invite les étudiants à réfléchir sur la politique de la banque en matière de responsabilité sociale et environnementale.

L'édition 2008 du jeu avait mobilisé plus de 600 participants dans 25 pays.

Nouvelle plateforme

De son côté, en lieu et place de ses trois «business games» habituels (L'Oréal Brandstorm, L'Oréal Ingenius et L'Oréal e-Strat Challenge), l'Oréal va lancer, en janvier prochain, un nouveau jeu baptisé «Reveal by L'Oréal». Cette nouvelle plateforme Internet, destinée aux étudiants du monde entier, quelle que soit leur filière d'étude (commerce, ingénierie), est censée permettre à chacun d'identifier les métiers de l'entreprise avec lesquels il est en adéquation. Avec «Reveal by L'Oréal», le groupe espère ainsi toucher plus de 50 000 étudiants chaque année.