Ne laisser aucun de ses 2 800 collaborateurs être exclu de la richesse du contenu de son intranet Biblionautes, y compris 61 personnes déclarées en situation de handicap (dont trois personnes aveugles et d'autres agents malvoyants). C'est le pari gagné de la BnF. Selon Alexandra Nizak, chef de projet intranet, le projet de refonte du site pour faciliter l'accès de son contenu aux salariés souffrant de déficiences visuelles est né d'une triple impulsion : celles de la mission de communication interne, du service de coordination Internet et de la chargée de mission handicap, Carole Roux. La bibliothèque ne partait pas de zéro : elle avait déjà reçu les conseils de l'association Accessiweb, qui aide les acteurs publics à normaliser l'accessibilité de leur site web. « Il y a donc eu un transfert de compétences en interne depuis les équipes en charge du site institutionnel (bnf.fr) vers celles chargées de l'intranet, pour adapter ces exigences », indique Alexandra Nizak.

La BnF, qui offrait déjà des aides techniques pour ses lecteurs handicapés visuels, a décidé, en 2007, en appui de la volonté de la DRH, de faire des efforts supplémentaires en faveur de l'intégration des personnes handicapées. La refonte du site intranet s'inscrivait donc dans cette démarche globale. Avec 2 % de son personnel en situation de handicap, la BnF est encore loin de l'obligation d'emploi établie à 6 % des effectifs.

A l'instar de l'équipement dont disposait déjà Carole Roux : « une plage braille, le logiciel Jaws pour Windows, un scanner et une imprimante braille », précise-t-elle, les agents de la BnF souffrant de déficience visuelle peuvent demander à équiper leur poste de travail de tels matériels. Un agent de l'accueil au standard dispose actuellement d'une plage braille, et plusieurs personnes utilisent les logiciels de grossissement de caractères. Tous ces équipements ont un coût non négligeable : environ 6 000 euros pour la plage, 2 000 euros pour le logiciel de synthèse vocale, 1 000 euros pour les logiciels de grossissement de caractères, 5 000 euros pour l'imprimante braille, selon les estimations de Carole Roux.

La refonte technique du site s'est étalée jusqu'en 2008. « De plus, nous avons profité de cette dynamique pour procéder à une simple réorganisation du site pour le rendre plus simple à utiliser et plus ergonomique », ajoute-t-elle. Plusieurs changements sont intervenus : l'agrandissement de la taille d'affichage des caractères, la possibilité de mettre un commentaire ou un titre alternatif sur toutes les images du site (+ d'infos), l'utilisation de pictogrammes signalant les différents types de documents et de liens, et le signalement par une bulle de l'ouverture d'une nouvelle fenêtre.

En outre, différents dispositifs d'aide à la navigation, utiles à toute personne utilisant un logiciel de synthèse vocale ou ayant des difficultés à utiliser la souris, ont été intégrés. Ainsi, dans chaque page du site, des raccourcis clavier ont été placés dans le code, ainsi que des liens d'évitement et des liens d'accès directs à la page décrivant toutes ces possibilités. Le nouvel outil a aussi simplifié l'accès aux formulaires papier, dont les formulaires RH, auparavant tous dispersés dans le site. Toutes ces modifications, gérées en interne, ont été suivies, en 2009, d'une prestation confiée à la société SQLI, chargée de revoir les couleurs du site afin de rendre Biblionautes conforme aux normes d'accessibilité de l'organisme international W3C.

« Nous étions déjà sensibilisés à la question de la lisibilité du site par un contributeur daltonien qui avait participé au comité éditorial », rapporte Alexandra Nizak. La palette de couleurs retenue est plus foncée que la gamme d'origine. « En raison de l'attachement des agents à l'ancienne version, nous craignions des réactions négatives. A l'inverse, nous avons reçu de nombreux messages positifs », se réjouit la chef de projet.

Conséquence de ces aménagements, la façon dont les contributeurs rédigent leurs informations dans le logiciel Dreamweaver a changé. Une session de formation d'une journée avec la vingtaine de responsables de rubrique a été organisée. De plus, « si, jusqu'à présent, il n'y avait pas d'accueil spécifique pour les personnes handicapées, l'intranet peut accompagner cette démarche », avance Alexandra Nizak. D'autant qu'un guide d'accueil des agents handicapés a été mis en ligne début octobre, à destination des managers.

Au total, à l'heure des économies liées à la RGPP (révision générale des politiques publiques), « nous avons réussi à mener le projet avec un budget modeste », souligne la chef de projet : 43 000 euros (hors coût des matériels), dont 77 % de réalisations internes. Prochaine étape ? Mener une réflexion sur l'évolution de l'intranet à l'heure du Web 2.0 et des réseaux sociaux.

• Activité : bibliothèque.

• Lancement du nouvel intranet : mars 2009.

• Population concernée : 2 800 collaborateurs, dont 61 en situation de handicap déclaré.

• Budget : 43 000 euros.