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Enquête

Un système de management spécifique

Enquête | publié le : 13.10.2009 |

Le chimiste affiche de bons résultats en matière de sécurité. Il dispose d'un système de management de la sécurité qui lui est propre et lance un programme de formation qui fera de chaque salarié un acteur de la démarche au quotidien.

Avec moins d'un accident avec arrêt de travail par million d'heures travaillées, Rhodia affirme réaliser « une des meilleures performances mondiales de la chimie et de l'industrie en matière de sécurité au travail »*. « La difficulté est de maintenir ce niveau », avoue Guy Migault, directeur de la sécurité au niveau mondial chez Rhodia. De plus, « en 2008, nous avons mis en place notre propre taux de gravité car l'indicateur standard, insuffisamment réactif, ne nous satisfait pas. Notre indicateur nous permet de suivre au plus près le niveau de gravité des accidents », affirme-t-il. Sur les trois dernières années, l'entreprise déplore un seul accident mortel, il y a trois ans, en Corée, lié à la chute, depuis un échafaudage, d'un salarié d'une entreprise sous-traitante.

Approche globale des risques

Comment Rhodia parvient-elle à de tels résultats ? A l'instar de l'ensemble du groupe, la vingtaine de sites Seveso dans le monde (dont 8 en France) déploient un système de management spécifique à l'entreprise, appelé Simser +. Ce système de management mondial en est à sa troisième version depuis sa création, en 1990. Il intègre une approche globale de tous les domaines de risques : sécurité et santé des hommes ; sécurité des procédés, des transports, et de l'environnement. « Les certifications classiques ne sont pas suffisamment adaptées à notre contexte », explique Guy Migault.

60 auditeurs internes

Le groupe dispose de 60 auditeurs internes dans le monde, dont 25 en France. Ils visitent chaque site tous les trois ans, munis d'un référentiel de 400 questions environ. Chaque audit mobilise trois personnes sur quatre jours. « Ils observent les conditions matérielles des installations, le niveau d'implication de l'encadrement, et ils interrogent les collaborateurs sur leur perception des questions d'hygiène, santé et sécurité », explique le directeur. Les salariés interrogés lors des audits doivent décrire précisément les points vérifiés lorsqu'ils effectuent une tâche. Un consultant extérieur réalise un audit pour chaque zone afin de vérifier que le protocole d'audits a bien été assuré.

Les résultats d'audit classent les items du référentiel en trois categories : état acceptable, améliorable, indésirable. Dans cette dernière hypothèse, « nous leur donnons un an pour améliorer la situation », affirme Guy Migault. « Comme tout système de management, il est contraignant et a un coût, mais c'est la condition nécessaire pour qu'une industrie à risque puisse exister durablement », souligne le directeur de la sécurité. Un procédé « complet et très intéressant », mais, revers de la médaille, jugé « un peu lourd » par Jean-Luc Rué, délégué syndical CFDT sur le site de Chalampé (Haut-Rhin) et secrétaire du groupe Hygiène sécurité environnement (HSE) au niveau national, qui se réunit tous les trimestres. Composée de représentants des différentes zones géographiques et de représentants des syndicats, une instance HSE monde vient de se mettre en place pour échanger sur les pratiques des systèmes de management. Elle se réunira en 2010 pour la première fois.

Classiquement, des formations à l'hygiène et à la sécurité sont obligatoires, et il existe un système d'habilitation et des recyclages. Mais le groupe va plus loin. « Nous allons lancer un programme de formation appelé Vigilance, fondé sur les facteurs humains et organisationnels liés à la sécurité, autour de quatre idées clés : prudence, reconnaissance, rigueur, responsabilité », détaille le directeur.

Support de réflexion

Le pilote du programme est en cours, pour un démarrage en France en 2010-2011. « Il s'agit d'un outil qui permettra aux salariés d'avoir un support de réflexion par rapport à leur attitude sur la sécurité », poursuit-il. Doté en permanence d'une carte, intitulée «paré», tout opérateur, pour chaque geste quotidien, devra se poser une question en lien avec la sécurité.

Pour sélectionner ses sous-traitants, Rhodia s'appuie, entre autres, sur un référentiel de l'UIC (Union des industries chimiques), le «DT 78», à usage des entreprises externes, qui permet de vérifier, par le biais d'un organisme extérieur, les compétences des personnels et l'organisation du travail, notamment.

« Sur les sites Seveso seuil haut, nous avons des CHSCT interentreprises, ajoute Jean-Luc Rué. Les intervenants extérieurs ont leur propre organisation du travail et des risques inhérents à leur activité. L'objectif des plans de prévention définis ensemble est d'identifier leurs risques et les nôtres pour coordonner nos activités », conclut-il.

* Le taux de fréquence TF1 est de 0,59 en 2008 : taux de fréquence des accidents avec arrêt de travail par millions d'heures travaillées pour tout personnel travaillant sur un site Rhodia. Le TF2 (accidents avec ou sans arrêt de travail) est de 1,18.

RHODIA

• Activité : industrie de produits chimiques de spécialité.

• Effectifs : 14 500 salariés dans le monde (4 500 en France).

• Chiffre d'affaires monde 2008 : 4,8 milliards d'euros.

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