logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

«Alerte orange» sur le travail posté

Enquête | publié le : 08.09.2009 |

Image

«Alerte orange» sur le travail posté

Crédit photo

Les aménagements destinés à atténuer la pénibilité du travail des agents de l'établissement public en «service permanent» passent facilement à la trappe en cas de conditions climatiques difficiles.

Sondé par les prévisionnistes de Météo France, le ciel français est sous surveillance 24 heures sur 24. Au sein de l'établissement public, 640 personnes, soit environ 15 % de l'effectif, se relaient sur les 80 postes dits de «service permanent» : chaque semaine, elles réalisent trois ou quatre vacations de 12 heures, en alternant les services de jour et de nuit.

« Contrairement au travail posté, par exemple dans l'industrie, ces vacations ne requièrent pas une vigilance constante, explique Yve Ferry-Deletang, DRH de l'établissement. Les agents sont tenus de réaliser des missions (mises à jour, émission de bulletins) à horaires fixes, mais bénéficient d'une certaine latitude dans l'organisation de leur emploi du temps. » Chaque travailleur de nuit dispose, en outre, d'une «chambre de veille» équipée d'un lit et d'une douche où il peut prendre un repos d'un maximum de trois heures consécutives selon les conventions de l'établissement.

Repos aléatoire

« Le «service permanent» n'est pas pour autant une sinécure, souligne Sylvie Pitkevicht, la secrétaire générale adjointe de la CGT Météo, elle-même concernée depuis vingt-cinq ans par le travail de nuit. Dès que les conditions climatiques s'aggravent, les trois heures de repos passent facilement à la trappe du fait d'une interaction constante avec les préfectures, la sécurité civile ou les médias. » Pour la représentante syndicale, la pression exercée sur les prévisionnistes s'est également amplifiée ces dernières années avec le développement de nouvelles missions liées au service de vigilance météorologique, aux alertes pollution ou encore à l'assistance maritime.

A la demande des organisations syndicales, qui revendiquent de longue date - sans succès jusqu'à présent - l'attribution d'une bonification des années passées dans le «service actif», qui permettrait aux agents ayant travaillé de nuit de partir à la retraite de façon anticipée à l'instar des fonctionnaires des douanes ou de la police, le médecin chef a remis, en 2008, une enquête sur les conséquences du travail posté sur la santé des agents de l'établissement. Il en ressort, notamment, que 54 % des agents concernés présentent des troubles du sommeil significatifs, dont 8 % des insomnies majeures et 40 % des pathologies digestives. En outre, un tiers d'entre eux supportent mal la charge de travail qui leur est impartie.

Des postes recherchés

« Sans nier les conséquences négatives réelles sur la santé des agents postés de Météo France, le rapport conclut, du fait des compensations liées au travail de nuit, à une situation équilibrée, relève Yve Ferry-Deletang. De fait, le «service permanent» est un mode d'organisation du temps de travail qui intéresse beaucoup d'agents, et lorsqu'un poste s'ouvre dans les services concernés, les candidats ne manquent pas. » Avec une compensation financière de 8,73 euros net par nuit et une bonification horaire de 10 % pour une nuit en semaine (soit un peu moins d'une heure), 20 % pour une nuit autour d'un samedi, 40 % autour d'un dimanche et 100 % autour d'un jour férié.

Sylvie Pitkevicht estime, quant à elle, que le compte n'y est pas. « A fortiori depuis que la mise en place des 35 heures dans l'établissement a entraîné la monétisation d'une partie des bonifications horaires, commente-t-elle. Or, c'est du temps dont nous avons besoin pour récupérer de la fatigue d'une nuit de travail. »

Suivi à long terme

Secrétaire général de la CGT Météo, Emmanuel Celhay se réjouit, pour sa part, qu'un premier bilan de l'état de santé des travailleurs de nuit ait été réalisé par Météo France, mais juge nécessaire un suivi à plus long terme. « On ne sait rien, notamment, des éventuelles pathologies qui apparaissent chez les jeunes retraités de l'établissement », explique-t-il. Chez Météo France, l'ancienneté moyenne dans le travail posté est supérieure à onze ans pour 66 % des hommes et pour 55 % des femmes.

MÉTÉO FRANCE

• Activité : prévision météorologique.

• Effectifs : 3 600 agents.

• Budget 2008 : 343,05 millions d'euros (subventions et recettes propres).