Jusqu'ici assez privilégiés face au marché du travail, les cadres accusent, eux aussi, le choc de la crise économique. L'an dernier, 200 000 embauches de col blanc avaient été recensées par l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) ; il n'y en aura plus que 145 000 cette année. Une « baisse brutale et une situation préoccupante », estime le nouveau président de l'Apec, Eric Verhaeghe, directeur des affaires sociales au sein de la Fédération française des sociétés d'assurance.

Face à cette dégradation, l'Apec a dû réviser à la baisse ses prévisions de recrutements pour 2009, publiées, en février, dans son «panel 2009». « Elles chutent non pas de 17 %, comme envisagé initialement, mais de 27 % », poursuit Eric Verhaeghe. Cette baisse est deux fois plus forte que lors des deux derniers retournements conjoncturels, qui se sont traduits par une chute de 13,4 % des embauches pour la période 1990-1993 et de 13,5 % dans les années 2002-2003.

La faiblesse des investissements des entreprises explique, en grande partie, cette dégradation. Les métiers du commercial, du tertiaire et de la construction, qui avaient résisté à l'époque, connaissent, aujourd'hui, une situation comparable à celle des autres fonctions cadres. Au total, les offres d'emploi sont en baisse de 31 % par rapport à la même période de 2008 et, à la fin avril, seulement 36 % des entreprises avaient l'intention d'embaucher.

Les débouchés dans les métiers de l'environnement (traitement de l'eau, des déchets, énergies...) se font attendre puisque les «emplois verts» génèrent à peine 3 000 offres par an. Seuls les secteurs santé, social et culture tirent leur épingle du jeu et affichent une hausse d'offres d'emploi de 8,1 %. Les autres professions devront attendre 2013 pour constater une véritable reprise.

Sans surprise, comme dans toutes les autres catégories professionnelles, ce sont les jeunes qui seront les plus touchés. Seuls 20 000 d'entre eux devraient être accueillis dans les entreprises cette année, contre 45 000 en 2008.

Les plus fragilisés, notamment ceux issus des quartiers défavorisés, seront particulièrement touchés par ce ralentissement. L'Apec va, d'ailleurs, lancer un programme spécifique de coaching à leur intention : ateliers de recherche d'emploi, prospection d'entreprises... 20 jeunes ont été recrutés en CDD par l'association pour effectuer cet accompagnement.Elle poursuit également ses partenariats avec les universités ; 11 conventions ont été signées pour aider les étudiants dans leur recherche d'emploi, et 38 sont en cours de négociation.

Malgré la grisaille, quelques signaux restent, toutefois, au vert. Tout d'abord, selon l'Apec, les cadres gardent le moral : 86 % d'entre eux restent confiants dans leur avenir professionnel ; 38 % envisagent de changer d'entreprise, dont 11 % parce qu'ils ont peur de perdre leur emploi.

Par ailleurs, les cadres expérimentés ont désormais le vent en poupe. Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec, note « un fort intérêt des entreprises pour les personnes ayant dix ans d'expérience, voire vingt ans, ce que l'on n'avait jamais vu auparavant ».