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Les pratiques

Afrique du Sud Les entreprises adhèrent au nouveau Black Economic Empowerment

Les pratiques | publié le : 23.06.2009 |

L'économie sud-africaine subit toujours les conséquences des années de ségrégation raciale. Pourtant, en modifiant la première version de sa politique de Black Economic Empowerment (BEE), le gouvernement a poussé les entreprises à signer des chartes et à renforcer la participation de tous les salariés.

«Le Black Economic Empowerment doit accélérer les changements sociaux de l'Afrique du Sud, explique Mthuli Ncube, professeur d'économie à l'université du Witsvatersrand, à Johannesburg. Chaque compagnie peut et doit le faire. » Ses principes sont révolutionnaires : permettre l'entrée dans l'économie des personnes historiquement désavantagées (Noirs, métis, Indiens, et les femmes...). Une économie qui discrimine ne pouvant réaliser une croissance maximale, il faut tendre à réduire les inégalités issues de l'apartheid et encore persistantes : pour les entrepreneurs, il s'agit plus qu'un simple programme d'affirmative action.

La première loi sur le BEE, initiée en 1994, ne visait que le transfert d'actifs à une élite noire, et a eu beaucoup de détracteurs : « On a assisté à la formation de fortunes inimaginables, en particulier dans l'industrie minière », indique Sheila Meintjes, professeur de sciences politiques. Avec la loi de 2003, s'y est substituée une version élargie de BB-BEE (pour Broad based-BEE). Elle ajoute l'obligation pour les entreprises de se conformer à des codes de bonne conduite, négociés par secteurs, imposant des améliorations dans sept domaines, dont la participation au capital et la gouvernance, l'équité du recrutement et le développement des compétences...

Atteinte d'objectifs

L'atteinte de ces objectifs est mesurée par une scorecard où peuvent figurer des critères spécifiques à un secteur. Si l'audit de la BEE n'est pas obligatoire, des agences de vérification ont été mandatées par l'agence sud-africaine de certification, et les premiers auditeurs accrédités BEE peuvent, depuis février 2008, valider la démarche des entreprises qui le souhaitent.

Cette seconde version de la BEE a convaincu les milieux d'affaires, et échappe aux critiques d'élitisme, formulées, notamment, par la Confédération des syndicats sud-africains à l'égard du premier BEE. « Nous pensons que nous devons le faire, explique Mary-Jane Morrifi, à la tête du bureau exécutif des affaires d'Anglo Platinium, premier producteur mondial de platine. Nous n'avons pas l'Etat comme client (celui-ci impose une clause BEE pour les marchés publics, NDLR), mais nous avons d'autres avantages à appliquer le BEE : entretenir de bonnes relations avec les acteurs des aires géographiques où nous opérons ; promouvoir la loyauté de nos équipes et, surtout, attirer de nouveaux talents. C'est un effort continuel en même temps qu'un cercle vertueux. » Sur la scorecard d'Anglo Platinum figure, notamment, un objectif de 40 % de salariés noirs d'ici à 2014.

Formation insuffisante

Mais ce nouveau BEE attire encore des critiques. Pour Ash, étudiant en économie, « l'embauche ne doit pas se faire sur des critères de couleur de peau mais selon les compétences ». L'économiste Mthuli Ncube s'inquiète, effectivement, de la baisse de rentabilité due à une main-d'oeuvre noire encore insuffisamment formée.

En attendant, les agences de conseil sur le BEE fleurissent. Le jeune entrepreneur d'EconoBEE Gavin Levenstein se réjouit : « Pour le moment, seules 20 % des entreprises environ appliquent le BEE, il reste donc un potentiel de 80 %. » De fait, les derniers codes de bonnes pratiques de la nouvelle version n'ont été publiés qu'en février 2007. « D'ici à cinq ou sept ans, on en aura fait le tour, pronostique Mthuli Ncube. Il faudra alors faire confiance à la société sud-africaine. » Et à ses sociétés.