Paradoxalement, les progrès de la médecine ne s'accompagnent pas d'une nette amélioration de la santé des travailleurs. Aux différents maux physiques dont pouvait souffrir l'ouvrier d'autrefois se sont adjointes des pathologies nouvelles comme les troubles musculo-squelettiques ou encore le stress et la dépression. Ces derniers, on le sait maintenant, peuvent parfois conduire le salarié jusqu'au suicide.

Si les employeurs semblent toujours relativement réticents à prendre acte des effets négatifs du travail sur la santé des salariés, la société civile semble avoir opéré un déplacement de la notion de risque. Celle-ci ne relève pas nécessairement d'une analyse en termes organisationnels, elle s'oriente vers la notion de souffrance centrée sur le sujet. Tout se passe comme si la société était plus sensible à ce qu'éprouve l'individu qu'aux conditions de travail qui le mettent en danger.

Ce dernier point est à relier au fait que les responsabilités en matière de maladies professionnelles et d'accidents du travail se diluent de plus en plus dans le méandre des filialisations et des sous-traitances en cascades. De plus, les problèmes d'emploi des décennies récentes ont souvent conduit les salariés à accepter de travailler dans n'importe quelles conditions pour ne pas se retrouver au chômage.

Dans ce numéro, la revue Mouvement revient sur les raisons d'une situation préoccupante en insistant sur le fait qu'il appartiendrait aux collectifs de salariés de se battre, non seulement pour l'emploi ou la rémunération mais encore, et de façon urgente, sur les conditions de travail.