L'organisation tayloriste du travail a fait prévaloir la notion de poste sur celle de métier, héritée du corporatisme de l'ancien régime. Depuis quelques décennies, la montée en puissance de la notion de compétence tend à redonner l'avantage aux hommes et à leurs savoirs en minorant l'importance des postes occupés. Un mouvement qui redonne du sens à la notion de métier. De manière précise et documentée, les auteurs, experts en GRH, rappellent, ainsi, ce que sont la compétence, le métier et la gestion des emplois, d'une part, et la prospective, d'autre part. Une approche devenue indispensable à la gestion des ressources humaines à long terme.

Luc Boyer et Aline Scouarnec, qui travaillent tout deux, depuis une douzaine d'années, sur cette notion de prospective - ils ont construit le concept de «prospective des métiers» -, se sont penchés sur ce que seront les métiers dans trente ans. Et ce, à la fois pour un certain nombre de secteurs ou de fonctions, dont les RH, mais aussi dans les pays émergents. Leur conclusion nous apprend, entre autres, que les délocalisations dans ces pays, pour leurs faibles salaires, ne seront plus justifiées dans cinq à dix ans, les coûts salariaux ayant augmenté entretemps. Exception faite des pays qui auront développé des compétences spécifiques, à l'instar des informaticiens indiens, qui continueront d'être attractifs au-delà du niveau de salaire.

Un chapitre est consacré à la prospective des métiers au service de l'individu. Pour lui, l'enjeu n'est pas tant de faire un projet que d'être, sa vie durant, en projet. Il devra, dans le même temps, apprendre la «prospective de soi», c'est-à-dire l'art, dans une démarche proche du marketing, de s'évaluer et de se vendre comme un produit.

Aline Scouarnec est enseignante en RH à l'IAE de Caen et à l'Essec.

Luc Boyer est directeur de recherche à Paris-Dauphine, à l'université de Caen et au Cnam.