logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

Canada Les entreprises cherchent des alternatives aux licenciements

Les pratiques | publié le : 28.04.2009 |

Les chefs d'entreprise canadiens, confrontés à la crise, privilégient les méthodes alternatives aux licenciements. Et les salariés acceptent généralement de voir baisser leur salaire ou d'accomplir des tâches inhabituelles.

«La plupart de nos clients réduisent les heures travaillées. Les salariés passent alors de cinq jours à quatre jours de travail », confie Réjean Dancause, président du Groupe Dancause, important cabinet de consultants à Québec. En ces temps de crise, les entrepreneurs trouvent des alternatives aux licenciements. Selon un sondage de l'institut Robert Half International, la principale préoccupation des patrons canadiens est de conserver leur personnel, puis de maintenir le moral des troupes. Après des années de croissance qui l'ont souvent fait caracoler en tête du G8, le Canada connaît à son tour la crise. Principales régions touchées : l'Alberta pétrolière et l'Ontario manufacturier où le quart de la production automobile nord-américaine est concentré.

Transfert de salariés

De 6 % en octobre, le taux de chômage a bondi à 7,7 % en février, principalement à cause de ces secteurs d'activité où les alternatives aux licenciements sont minces. Ailleurs, les patrons évitent de supprimer des postes. « Nous tentons toujours de transférer un salarié vers un autre poste. Un technicien sur une ligne d'assemblage peut, par exemple, devenir décorateur d'intérieur », déclare le porte-parole du constructeur aéronautique Bombardier, Marc Duchesne. Le groupe hôtelier Delta encourage ses 7 000 salariés à effectuer des tâches qu'ils ne font pas d'ordinaire. Un cadre administratif pourra ainsi faire le ménage ou le service lors de banquets. Réjean Dancause souligne que certains de ses clients font embaucher leurs salariés par des sociétés amies qui n'ont pas encore été touchées par la récession. D'autres entreprises proposent des jours de congés non payés, un jour ou deux par mois, pendant six mois.

Pour aider les entreprises, le gouvernement canadien a d'ailleurs mis en place un programme appelé Work Sharing (travail partagé, NDLR), en vertu duquel une société limite à quatre jours la semaine de travail. Le salaire du cinquième jour est payé à 50 % par l'Etat. Le reste est à la charge du salarié. Le géant de la téléphonie mobile Rogers a opté pour le Work Sharing. Certains patrons font d'autres choix. « Du jour au lendemain, notre salaire a été réduit de 10 %. C'est très mauvais pour le moral des plus dynamiques », s'indigne ce directeur du marketing d'une grosse PME montréalaise, qui souhaite rester anonyme.

L'expérience des crises passées

S'ils évitent de licencier, les patrons canadiens ne le font pas par philanthropie : les dirigeants ont appris des récessions passées. En Amérique du Nord, le coût d'un licenciement se limite souvent à une ou deux semaines de salaire, mais la recherche d'un candidat peut ensuite être un casse-tête coûteux. Et le milieu du travail canadien se prête bien aux arrangements de crise. Un ingénieur sera serveur pour un temps sans craindre le regard des autres.

Les salariés sont habitués à changer d'emploi fréquemment et acceptent de ne prendre que deux semaines de vacances par an. Selon Réjean Dancause, ils n'ont plus le choix, le licenciement devenant une épée de Damoclès. « A environ 20 000 dollars par an (12 000 euros), nous payons assez mal nos salariés, confie cette chef de service d'une grande entreprise de tourisme. Il y a un an, lorsqu'un candidat acceptait un emploi, parfois, il ne se présentait même pas car il avait trouvé mieux ailleurs entre-temps. Aujourd'hui, tous se bousculent pour 15 000 dollars ».