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Moi seul

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 14.04.2009 |

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Moi seul

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« Je peux bien faire tout seul », dit le gamin de 4 ans à sa mère. Trente ou quarante ans plus tard, son envie de se débrouiller seul perdure. Dans l'entreprise, alors que le travail est, par nature, collectif, interdépendant, concernant toute une équipe ou davantage, on trouve encore des adeptes du « moi tout seul ». Puéril, sans doute, et pourtant...

Parmi les maîtres, il n'y a pas que les solitaires farouches ou les perfectionnistes préférant tout faire eux-mêmes. Certains collaborateurs aimeraient bien demander de l'aide, mais ils s'y prennent trop tard. Mal organisés, ils attendent la dernière minute pour réaliser qu'ils n'arriveront pas à rendre leur travail à temps. Le délai est alors trop juste pour se faire épauler. Travail mal fini, réunions non préparées, retard aux rendez-vous, manque de réflexion, ils s'enlisent régulièrement, sans anticiper ni tirer la leçon de l'expérience. Vieille réminiscence de l'injonction «sois parfait» ? Peur de ne pas tout maîtriser dans son périmètre de travail et de se retrouver en position de faiblesse lors des évaluations ? Bref, la personne s'obstine à croire qu'elle peut tout faire elle-même. La suite de l'histoire est connue : épuisement progressif et rigidité croissante dans les relations. Trop bête.

Viennent, ensuite, ceux qui ont du mal à déléguer. Car, faire soi-même, c'est savoir à tout moment où en sont les choses et pouvoir réagir quand quelqu'un pose une question. Aucune zone d'ombre, une maîtrise de A à Z du déroulement des projets, une information permanente en temps réel, c'est cela qu'ils aiment. A leurs yeux, une once de délégation, c'est déjà le début du brouillard. Cauchemar !

Il y a, enfin, celui qui décide seul parce qu'il croit que c'est son rôle. Pourtant, travailler en équipe n'a jamais voulu dire arbitrer dans son coin. Toute décision implique des interlocuteurs, des partenaires, des clients qui peuvent apporter un éclairage précieux. Les collaborateurs sont aussi des professionnels, pourquoi ne pas s'appuyer sur eux ? Un des grands principes de l'efficacité moderne est de mettre dans la boucle les personnes qui devront mettre en oeuvre les décisions. Car, si elles sont consultées, elles vont mieux comprendre et appliquer plus rapidement. Elles seront également plus motivées. Décider seul, c'est donc perdre le principal levier d'action et d'efficacité. Très dommage.

Heureusement, un grand vent d'air frais entre par les nouveaux usages de la communication numérique, des forums sur Internet, des réseaux sociaux et des outils du web 2.0. Leur principe est que le partage enrichit, à l'image du 1+1 = 3 : « Si je ne sais pas, il y a forcément quelqu'un qui sait et qui peut m'aider. » Et « si je découvre une merveille, cela vaut la peine que je la partage ». Nous sortons du monde propriétaire et jaloux pour entrer dans l'ère des communautés. Reste à partager cet état d'esprit dans l'entreprise, au service de belles réalisations communes et pas seulement chez soi, dans la vie amicale ou les loisirs.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. < lesagetconseil@wanadoo.fr >