logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

« Les univers virtuels vont investir l'entreprise »

Dossier | L'entretien avec | publié le : 14.04.2009 |

Image

« Les univers virtuels vont investir l'entreprise »

Crédit photo

E & C : Les outils de travail collaboratifs investissent les entreprises. Quelles sont les évolutions récentes marquantes ?

I. B. : On constate deux évolutions majeures : la première est technologique et la seconde est sociale. D'abord, les entreprises, après avoir adopté des technologies rigides et lourdes en investissement, sont désormais entrées dans l'ère du «web social». Avec le web 2.0, elles ont accès à des outils simples à installer, faciles à utiliser, flexibles et peu coûteux. Ensuite, elles intègrent aujourd'hui la génération des «Millennials ou Digital Natives», des collaborateurs nés dans les années 1980, ayant grandi avec Internet et la téléphonie mobile, utilisateurs des technologies comme les blogs, les wikis et les réseaux sociaux dans la sphère privée. Ils importent naturellement leurs pratiques dans l'entreprise. Si les responsables des ressources humaines ne les attirent pas avec les mêmes moyens technologiques, ils n'hésitent pas à aller voir ailleurs.

E & C : Quels sont les changements qui s'opèrent en termes d'organisation du travail et de management ?

I. B. : De plus en plus, les salariés travaillent selon un mode de gestion participative de projet. Ils ne sont plus centrés sur la réalisation d'une tâche, mais plutôt sur la planification globale d'un projet. Ils ont un accès direct, organisé et illimité au travail collectif. Avec ce type d'organisation, on leur donne l'impression d'avoir un rôle central dans le projet et d'être générateur plutôt que simple utilisateur de l'information et des connaissances. Ce phénomène entraîne la remise en cause de la hiérarchie et du contrôle centralisé, et la nécessité d'adopter d'autres modes de management basés sur le débat d'idées, la culture de l'éveil et la collaboration sociale.

E & C : La masse des informations qui circulent sur le web peut être dangereuse pour la confidentialité et la sécurité...

I. B. : Il y aura forcément des problèmes juridiques liés aux fuites d'informations. Aux Etats-Unis, déjà, il est clairement stipulé, dans les contrats de travail, que tout ce qui relève de l'activité de l'entreprise ne doit pas être diffusé via ces outils. Certains croisements d'informations peuvent être révélateurs de la stratégie et de secrets professionnels. Chez Total, par exemple, une cellule de veille est chargée de tracer ce qui concerne le groupe sur la toile (forums de discussion, réseaux sociaux...). Mais, comment contrôler l'information quand elle est diffusée dans des réseaux de métiers, au-delà des frontières de l'entreprise ? C'est difficile. Un Etat peut demander de retirer une information sur un site. Une entreprise, très difficilement.

E & C : A quelles évolutions doivent s'attendre les DRH demain ?

I. B. : De plus en plus, les univers virtuels vont investir l'entreprise. Déjà, Microsoft, eBay, HP, Accenture, et la Marine française recrutent sur Second Life. Aux Etats-Unis, de plus en plus, des réunions se tiennent dans des espaces virtuels en 3D où les participants interagissent à travers leurs avatars. C'est un gain de temps et d'argent pour les entreprises, et la confidentialité peut être préservée.