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Enquête

La boîte à outils des DRH

Enquête | publié le : 17.03.2009 |

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La boîte à outils des DRH

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Face à la crise, les entreprises s'arment pour ajuster leurs effectifs en s'appuyant sur plusieurs dispositifs connus et moins connus.

Limitation de l'intérim et des CDD

C'est le premier réflexe des entreprises. En quelques mois, la plupart d'entre elles ont réduit les contrats intérimaires et ont mis fin aux CDD. Dans la Plastic Valley, l'équipementier Mecaplast a, par exemple, stoppé net ses CDD, fin février. Les intérimaires, eux, sont partis depuis septembre.

SKF France, le leader mondial des roulements à billes, qui compte 12 sites en France, pâtit également du marasme du secteur automobile. Les contrats des 250 intérimaires, employés, en 2008, à Saint-Cyr-sur-Loire (37), l'un des sites français les plus touchés (1 350 salariés), n'ont pas été renouvelés en 2009.

Au total, en janvier, 104 100 entrées ont été enregistrées à Pôle emploi pour fin de CDD. Un nombre qui n'avait pas été atteint depuis 1997. Sur les trois mois, la hausse est de 7,2 %. Les fins de mission d'intérim ont, elles, totalisé 42 900 cas, un niveau quasistable par rapport à décembre, mais en augmentation de 7,8 % sur trois mois. La seconde étape consiste à geler les recrutements.

Chômage partiel

Michelin, Renault, PSA, Bénéteau, Rhodia, ST Microelectronics... La plupart des entreprises françaises vivent actuellement au rythme du chômage partiel. Même les cadres sont touchés. Une mesure mise en avant par l'exécutif soucieux d'éviter les plans sociaux. Mecaplast prévoit, actuellement, des semaines de trois jours d'activité seulement. Les salariés de Caterpillar (matériel de BTP), en Isère, ne travaillent que deux semaines par mois.

Chez SKF France, à Saint-Cyr-sur-Loire, les deux usines du site fermeront quinze jours en mars. En février, une vingtaine de salariés étaient touchés par le dispositif. Mais Georges Laubry, le directeur d'établissement, s'attend à une montée progressive. Une centaine de personnes devraient être concernées en mars, et près de 400 en avril. D'ailleurs, le recours au chômage partiel a été assoupli. Le nombre d'heures indemnisables est porté à 800 par an. Il passe même à 1 000 heures pour l'automobile, le textile, l'habillement et le cuir, soit près de la moitié de l'année.

Fin des dogmes

Pour Pierre Ramain, directeur de projet chez Altédia, ancien chef de la mission FNE (Fonds national de l'emploi) à la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle), « tous les dogmes de l'administration du travail ont sauté ».

Aides aux sous-traitants

Ainsi, il y a quelques mois, « le chômage partiel ne devait répondre qu'à des problèmes conjoncturels et non structurels ». A ce titre, l'accès à la contribution de l'Etat était fermé aux sous-traitants, dont on estimait que les variations d'activité étaient structurelles, puisque le cahier des charges dépend nécessairement des commandes des donneurs d'ordre. Aujourd'hui, nombre d'équipementiers automobiles mettent en place des mesures de chômage partiel. « Au-delà, on disait que les entreprises en restructuration ne pouvaient pas en bénéficier. Ce n'est plus le cas actuellement. » D'ailleurs, une instruction de la DGEFP du 25 novembre 2008 appelle à « une application dynamique » du dispositif. Le 18 février, le gouvernement a accordé, après une première revalorisation mi-janvier, un nouveau coup de pouce à l'indemnisation du chômage partiel avec un relèvement à 75 % de la rémunération brute. Va-t-on vers une casa integrazionne à l'italienne, comme le suppose Xavier Lacoste, directeur général du cabinet Altedia ?

Inégaux face au chômage partiel

Sur le terrain, toutefois, quelques inquiétudes subsistent. Les salariés restent inégaux face au chômage partiel. Ceux de Renault ou de chez PSA Peugeot Citroën percevront un salaire quasi inchangé, contrairement aux ouvriers de Bosch ou de Ford Aquitaine Industries, qui devront se contenter de l'indemnité légale.

Mais, là encore, les différentes revalorisations du gouvernement ont engendré un système à plusieurs vitesses. « Le relèvement de l'indemnisation, qui devait être portée à 60 % dès le mois le janvier, n'a pas été appliqué dans toutes les entreprises, s'indigne Alain Guillot, secrétaire général CFDT de l'Ain et des deux Savoie. Le décret autorisant l'effet rétroactif de l'aide n'étant pas encore paru, certaines DRH, notamment dans les petites entreprises, n'ont pas revalorisé l'indemnisation en janvier. » Au total, selon Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'Emploi, 34 millions d'heures d'activité partielle ont été demandées par les entreprises depuis le début de l'année ; 330 000 personnes devraient bénéficier du dispositif d'indemnisation en 2009, soit 50 000 ETP.

Congé de mobilité

Faire de la mobilité externe en échappant au PSE ? C'est l'objectif du congé de mobilité, qui permet aux entreprises de mieux préparer leurs salariés à de futures restructurations. Il s'agit donc d'une version du reclassement «à froid» et, contrairement au congé de reclassement et à la convention de reclassement personnalisé (CRP), il est proposé avant le licenciement. Une façon de sécuriser des parcours professionnels en évitant tout passage par la case chômage.

Accord de GPEC obligatoire

Conçu en 2006, le congé mobilité était, jusqu'ici, resté en sommeil. Mais il connaît depuis quelques mois un véritable essor : Sanofi-Aventis, Schneider Electric, Pfizer... l'utilisent actuellement. Seules les entreprises de plus de 1 000 salariés ayant conclu un accord de GPEC peuvent proposer ce congé à leurs salariés dont l'emploi est menacé ou occupant un poste identifié comme vulnérable. Cela leur permet de bénéficier de mesures d'accompagnement, d'actions de formation et d'aides au retour, avec l'appui d'une cellule de reclassement.

Un salarié peut, ainsi, construire un projet et y associer une formation, engager une mobilité, avant de rompre un contrat de travail. Mais, surtout, il permet, comme son cousin, le contrat de transition professionnelle (CTP), d'effectuer des périodes de travail sur un autre poste dans ou hors de l'entreprise. Les entreprises peuvent donc détacher des salariés pendant une période indéterminée, sans que cela soit considéré comme du prêt de main-d'oeuvre.

Prêt de main-d'oeuvre

Initié jusqu'ici sur les bassins d'emploi qui avaient développé une GPEC territoriale, ce type de dispositif pourrait, lui aussi, connaître un nouvel envol. L'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), réunie, le 25 février, avec les organisations syndicales lors de la première séance de négociation sur l'emploi, en faisait l'un de ses axes de discussion.

Objectif pour l'entreprise ? Réduire au plus vite ses coûts pendant cette période difficile. Philippe Coupard, chef du service mutations économiques et développement de l'emploi à la DRTEFP Rhône-Alpes, préconise, également, cette mesure : « Face à une baisse importante d'activité, la mise à disposition de personnel à but non lucratif nous paraît une excellente solution. » Plusieurs conditions doivent, toutefois, être réunies : la cohérence des compétences, l'accord des différents acteurs (partenaires sociaux, salariés, entreprises), et le respect de la confidentialité.

Baisse de rémunération

A l'instar d'IBM, qui réduit le fixe de ses commerciaux, HP a annoncé des baisses de salaire à l'ensemble de ses salariés. La réduction serait variable en fonction du niveau hiérarchique du personnel. « Elle serait de l'ordre de 20 % pour le Pdg, affirme Guy Benoit, délégué CFTC d'HP Grenoble ; de 15 % pour les cadres dirigeants ; de 10 % pour le management ; de 5 % pour les ingénieurs et cadres ; et de 2,5 % pour le reste des employés. » Cette réduction, annoncée par le numéro un du groupe, devait être appliquée, dès le 16 mars, aux Etats-Unis. Toutefois, en France, son application devrait prendre plus de temps. La législation oblige le salarié volontaire à signer un avenant à son contrat de travail. La direction souhaite, cependant, réduire sa masse salariale d'ici à octobre. Seule garantie : « Qu'aucune nouvelle suppression de poste ne soit annoncée d'ici là. » Selon la CFTC, 90 % des salariés français sont opposés à la baisse de leur rémunération. D'autres secteurs sont touchés, comme le voyagiste Donatello, par exemple. Nouvelles frontières, de son côté, y réfléchit.

Augmentation de salaire différée

Autre option, choisie, cette fois, par SKF France, celle de différer les augmentations de salaire : « Nous avions conclu une revalorisation de salaire de 2,7 % pour janvier 2009, indique Georges Laubry, le directeur d'établissement de Saint-Cyr-sur-Loire. Or, avec la montée en charge du chômage partiel, nous avons décidé de limiter les pertes de salaire en reportant les augmentations de trois mois. » Une enveloppe de 300 000 euros permet, ainsi, de rémunérer les salariés touchés par la baisse d'activité à 100 % du net. Jusqu'à épuisement de la réserve.

Selon une enquête du cabinet de recrutement Robert Walters, les salaires d'embauche des cadres au niveau mondial accusent une baisse de 15 % en moyenne en 2009.

Moduler le temps de travail

C'est une solution prisée par Xavier Lacoste, directeur général du cabinet Altédia, qui préconisait dans Les Echos, fin février, de recourir à des accords de RTT défensifs. La RTT défensive avait, en effet, permis à HP, en 2005, de réduire, « les suppressions d'emploi de 1 500 à 850 ». Elle avait également été utilisée par le fabricant de grues Manitowoc, ex-Potain, en 1993, pour sauver près de 250 emplois. Or, jusqu'ici, peu d'entreprises y ont recours.

Suppression des équipes de nuit

Les entreprises ont, pour l'heure, surtout opté pour la suppression des équipes de nuit (PSA Sochaux ou Mecaplast) ou des équipes de week-end (Grofillex, à Oyonnax). Caterpillar, en Isère, qui doit supprimer 733 emplois (sur 2 600), réfléchit, de son côté, à une annualisation du temps de travail. Selon les syndicats, le projet de la direction s'orienterait vers une annualisation composée de semaines hautes (à 42 heures) et de semaines basses à 21 heures. Mais plusieurs inconnues demeurent : selon la CFTC, « aucune garantie n'existe en termes d'emploi. L'annualisation devant permettre de sauvegarder entre zéro et 150 postes ». Snecma étudie une piste similaire. Cette solution est, en effet, appréciée par SKF France, qui loue la souplesse de cette mesure. « Notre accord RTT est fixé à 38 heures. Les heures non travaillées pendant les périodes hautes sont placées sur un compteur RTT dans lequel nous avons puisé au départ pour combler le chômage partiel. »

Fermeture en vue

Autre méthode : chez Continental, à Clairoix (60), les salariés avaient accepté, en septembre 2007, un accord prévoyant une augmentation de la durée de travail (passage à 40 heures) en échange d'embauches, d'investissements, et d'une majoration salariale d'environ 100 euros par mois. Las, la direction vient d'annoncer la fermeture du site en mars 2010. Un choc pour les 1 100 salariés de l'usine.

Préretraites

Avec la crise, les mauvais réflexes reviennent-ils au grand galop ? Pour Pierre Ramain (Altedia), ce « serait un véritable coup porté à la politique senior amorcée il y a une dizaine d'années ». D'ailleurs, aujourd'hui, « il est quasiment aussi coûteux pour une entreprise de financer une préretraite que de payer une personne au travail ». Selon Laurent Wauquiez, les seniors ne font pas «les frais de la crise» : le taux de chômage des plus de 50 ans est resté identique (5,2 %) entre le troisième et le quatrième trimestre 2008. De plus, le taux d'emploi des plus de 55 ans est même passé de 41 % à 42 %.

Une pratique en baisse

Au total, en 2007, 10 400 personnes sont entrées dans les dispositifs de préretraites publiques du secteur privé, en France, soit une diminution de 21 % par rapport à l'année précédente, selon une enquête de la Dares. Seuls trois dispositifs enregistrent encore des entrées significatives : la Caata (cessation d'activité des travailleurs de l'amiante), l'AS-FNE (allocation spéciale du fonds national pour l'emploi) et la Cats (cessation anticipée de certains travailleurs salariés). Ainsi, chez DMC, à Mulhouse, 19 salariés de l'entreprise textile éviteront leur licenciement sec grâce à un départ FNE. Cette aide de l'Etat ramène à 118 les licenciements secs à l'occasion de la reprise du fabricant de fil par le groupe Bernard Krief Consulting. Le repreneur a programmé, en effet, la suppression de 137 emplois sur les 382 de l'entreprise basée à Mulhouse, Illzach (Haut-Rhin) et Paris. Les 19 dossiers acceptés sur 32 espérés concernent les ouvriers, les agents de maîtrise et des techniciens. Les cas non retenus concernent les cadres.