Réagir face à la crise sans renier ses valeurs profondes n'est pas le moindre effort demandé aux responsables et aux salariés. Chaque jour, je vois des personnes se battre avec cette force qui mérite le respect et l'admiration.
Pour le dirigeant, faire face signifie puiser en soi le courage de dire la vérité, sans raconter d'histoires aux salariés et sans les paniquer non plus. Oui, le ralentissement est déjà perceptible. Non, nous ne profiterons pas de la crise pour dégraisser, nous allons nous battre pour maintenir nos parts de marché. Il en faut du courage pour ne pas se défausser de ses responsabilités et confronter cette nouvelle donne sans incriminer les autres, les banques, le système, la mondialisation ou tout autre bouc émissaire facile à trouver.
Ces périodes difficiles jouent également le rôle de révélateur du climat de confiance et de la qualité du management. Certains dirigeants ont la force de faire appel à l'intelligence vive de l'entreprise au lieu de laisser les salariés paniquer dans leur coin pendant que les managers se querellent pour défendre leurs intérêts personnels. Des réunions importantes sont donc maintenues et consacrées à trouver ensemble des solutions de productivité : « Avant d'en arriver aux solutions ultimes, trouvons entre nous toutes les possibilités de réduire nos coûts et simplifier notre fonctionnement. » Le courage du responsable, c'est aussi de ne pas «botter en touche» devant les questions délicates des salariés. Avoir le courage de dire devant une assemblée : « vous avez raison » ou « je ne sais pas », au lieu de noyer le poisson ; et d'ajouter : « Nous allons chercher ensemble les solutions et nous les trouverons. »
Certains managers prennent l'initiative d'aller davantage sur le terrain rencontrer leurs équipes, en leur redonnant le moral par un langage de vérité... même s'ils n'ont pas de réponses satisfaisantes à apporter. Dans les temps difficiles, communiquer n'est pas annoncer des nouveautés, c'est être présent aux côtés de ses équipes pour leur montrer qu'on les soutient, qu'on va se battre, et qu'on y croit.
Dans la période actuelle, où l'obéissance hiérarchique semble un refuge facile parce que moins risqué, le plus beau des courages est sans doute celui des DRH ou des directeurs généraux qui montent au créneau auprès de leur président pour défendre la cause d'un manager ou d'un service, avec un plan d'action à l'appui. Toutes ces voix, anodines ou connues, qui essaient d'intervenir pour arrêter des décisions injustes, malgré les tensions et la peur ambiantes, forcent mon admiration. Ces personnes se battent pour leurs valeurs et celles de leur entreprise. Elles ont foi en l'homme et savent que rien ne résiste à des équipes soudées et déterminées. Si elles ne gagnent pas toujours, elles ont au moins pour elles le sentiment d'avoir tout tenté. Ces multiples marques de courage au quotidien témoignent de la force incroyable que donnent l'authenticité et l'intégrité. Ces qualités ouvrent la voie du renouveau.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
