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Les pratiques

HP : des télétravailleurs... sans accord de télétravail

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 10.02.2009 |

Un plan de rationalisation mondial des sites de Hewlett Packard (HP) a conduit les salariés nomades à travailler à distance et à partager leur bureau. En France, de nouveaux projets devraient conduire d'autres salariés à l'expérimenter.

En avril 2007, la direction mondiale de HP inaugurait officiellement une nouvelle organisation baptisée «HP Workplace Transformation». Le but : procéder à des gains de mètres carrés. Le concept : la mobilité et le bureau partagé. Désormais, trois salariés mobiles se partageront un seul et même bureau. Un projet qui n'est absolument pas du goût des organisations syndicales et qui fait toujours débat.

Espace réduit

D'entrée, le CHSCT central de HP France s'est montré perplexe et a diligenté l'avis d'un expert pour faire un état des lieux du nouvel aménagement. Une de ses conclusions se révèle alors préoccupante : « L'espace de travail individuel est très réduit : 5,6 m2 par poste, nettement inférieur aux 9,78 m2 recommandés par l'INRS. » Cela n'empêche pas le site d'Issy-les-Moulineaux (92) de compter, aujourd'hui, deux étages de moins, et de faire de belles économies, soit « 1,5 million de dollars de gains immobiliers annuels », évalue Laurent Lhoste, délégué CFTC.

Organisation problématique

Mais, cette organisation se révèle problématique pour certains. « Le parking est plein, les bureaux souvent occupés. Quant aux salles de réunion, elles sont indisponibles. Du coup, les commerciaux - soit plus de la moitié de l'effectif d'Issy - se sont lassés de venir. Petit à petit, ils ont pris l'habitude de travailler chez eux ou se sont rabattus sur un autre site francilien, celui des Ulis (91) », commente le syndicaliste CFTC. La CFDT, pour sa part, pointe la perte de repères dont souffrent les salariés concernés. Certes, ils sont équipés pour travailler à distance, mais ils ne bénéficient pas du cadre protecteur d'un accord de télétravail.

« La direction nous rétorque que si les commerciaux réalisaient le nombre de rendez-vous clientèle demandé, il n'y aurait pas de problème de place », avance Laurent Lhoste. Et ce télétravail «sauvage» risque fort de toucher encore plus de salariés, selon les représentants syndicaux des autres sites du groupe informatique. Tout d'abord, les Ulis. Il y est prévu, en effet, le transfert de 650 salariés d'Issy, susceptible d'intervenir vers la fin de l'année. « Aujourd'hui, nous comptons 331 salariés HP et quelque 500 sous-traitants et partenaires. Au total, nous sommes près de 900 personnes sur le site pour 760 bureaux dédiés et 139 bureaux mobiles. Comment allons-nous faire lorsque nous serons près du double ? », s'interroge Yves Caron, secrétaire du CHSCT.

Une étude réalisée par la direction indiquerait qu'en moyenne, 57 % des bureaux dédiés sont occupés. « Où sont passés les 43 % de sédentaires, quand on sait que cette étude aurait été réalisée en dehors des périodes de congés ? », s'interroge Laurent Lhoste. Le taux d'occupation s'élève à 68 % pour les bureaux des nomades. « Il ne faut pas raisonner en valeur moyenne, mais lors de pics, donc d'événements internes mobilisant la très grande majorité des salariés », commente Yves Caron.

Réaménagement

Un expert missionné par le CHSCT du site étudie aujourd'hui ce réaménagement des Ulis. Sans attendre ses conclusions, cette instance sait qu'elle rendra un avis défavorable. « Un coup d'épée dans l'eau », pronostique, d'ores et déjà, Yves Caron, convaincu que la direction restera campée sur ses positions. Contactée, celle-ci n'a pas donné suite.

Reste les agences régionales. Un projet vise la fermeture de cinq d'entre elles d'ici à l'année prochaine. Il s'agit de celles d'Aix-en-Provence, de Bordeaux, de Rennes, de Rouen et de Villepinte. La disparition de ces établissements ne s'inscrit pas dans le cadre d'un plan social. En clair, les salariés ne seront pas licenciés. Mais, sans bureau, ils n'auront d'autre possibilité que de travailler chez eux. « Le groupe pousse le modèle à l'extrême, tempête Pierre Roussenk, délégué FO et chef de projet HP Consulting de l'agence d'Aix-en-Provence. Aux sédentaires, archi minoritaires dans l'effectif, il est proposé un dégrèvement de 350 euros par an auxquels s'ajoutent 1 000 euros pour leur installation. Pour les nomades, il est question de 200 euros annuels. Peut-être aurons-nous droit à un bureau et à une chaise, mais rien n'est sûr. » Il convoite les avantages que d'autres, dans le secteur, ont réussi à obtenir, comme « les bureaux de proximité d'IBM ou les centaines d'euros mensuels de Dell ».

Aujourd'hui, l'ensemble des syndicalistes, pour qui les conditions de travail et les relations avec les clients sont menacées, attendent un geste de la direction, comme, par exemple, l'ouverture de négociations pour un accord de télétravail... et, à la clé, un forfait à la hauteur des dépenses.