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Les pratiques

Prison recherche travail pour ses détenus

Les pratiques | publié le : 16.12.2008 |

L'administration pénitentiaire cherche davantage d'entreprises donnant du travail aux détenus. Ses arguments : il s'agit d'un acte citoyen, mais aussi d'un moyen pour mobiliser une équipe d'opérateurs rapidement et à moindre coût.

Depuis 2000, M. est incarcéré pour une durée totale de treize ans. Cela ne l'empêche pas de travailler depuis huit ans. Au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), en 2006, il est même passé contremaître. « Mon équipe effectue des câblages électriques pour du luminaire », explique-t-il. Si ce travail est un peu technique, ceux effectués dans les trois ateliers de 500 m2 ne nécessitent pas de qualification : « Pliage, ensachage, montage, visserie, collage d'échantillons... Nous effectuons toutes les tâches manuelles que nos clients ne veulent pas faire en interne. S'ils ne les faisaient pas faire ici, ils les délocaliseraient en Asie », assure Jean-Pierre Premat, responsable de production de la société Illicom, concessionnaire de l'établissement isérois, à titre d'intermédiaire entre la prison et des entreprises.

Les détenus «opérateurs» n'ont pas de contrat de travail, mais signent une charte d'engagement à l'issue du processus de recrutement : entretien individuel avec le responsable emploi du centre pénitentiaire, candidature écrite et passage devant une commission pluridisciplinaire. Une période d'essai de huit jours est prévue, ainsi qu'une procédure de «déclassement» en cas de problème disciplinaire.

Réduction des coûts de production

Les détenus sont payés à la tâche, au minimum 3,78 euros l'heure. A Saint-Quentin-Fallavier, ce tarif est porté à 4,10 euros et, pour les contremaîtres, à 5 euros plus une prime mensuelle de 50 à 70 euros. C'est l'administration pénitentiaire qui assure salaires et charges, avant de refacturer le tout à l'entreprise concessionnaire, qui règle à la Trésorerie générale. Les charges patronales s'élèvent en moyenne à 20 %, soit environ deux fois moins que dans le salariat privé ordinaire. « Nos clients sont clairement des sociétés qui cherchent à réduire leurs coûts de production, explique Jean-Pierre Premat, mais qui trouvent aussi ici une grande réactivité. »

Une démarche dite «citoyenne»

Le ministère de la Justice, qui a lancé, il y a un an, un plan de développement du travail en prison, prône « une démarche citoyenne » similaire au recours aux travailleurs handicapés. Les modalités diffèrent selon les prisons : ateliers sous-traitants de la Régie industrielle des établissements pénitentiaires, gestion déléguée de l'ensemble de la partie emploi et formation professionnelle de l'établissement ou encore concession (avec attribution d'une surface à titre gratuit) - comme c'est le cas pour Illicom. A Saint-Quentin-Fallavier, deux procédures coexistent même, puisque quatre autres sociétés travaillent en direct avec l'établissement qui leur met la main-d'oeuvre à disposition.

En 2007, dans la région pénitentiaire Rhône-Alpes/Auvergne, la moyenne mensuelle des actifs rémunérés (production, service général et formation professionnelle) était de 2 234 détenus. Si ce nombre augmente régulièrement, c'est le cas aussi du nombre de candidats au travail : 507 par mois en 2007, contre 405 en 2004.