On assiste, depuis une trentaine d'années, à une dilution des rapports hiérarchiques. L'autorité quasi militaire, telle qu'elle s'exerçait dans l'usine fordiste, par exemple, est passée de mode. Cependant, cette euphémisation de l'autorité ne signifie pas, loin s'en faut, sa disparition.

A mesure de la psychologisation des rapports sociaux, le pouvoir s'est intériorisé. Ainsi, le salarié est aujourd'hui responsable de sa performance, voire de ses états d'âme dans la mesure où ceux-ci peuvent impacter les résultats de l'entreprise. Les théories du développement personnel ont été utilisées par les organisations pour manager les hommes, remettant en question la séparation vie professionnelle/vie privée.

Le travail de recherche de Valérie Brunel, psychosociologue, qui avait donné naissance à une première édition, en 2004, portait sur un phénomène alors émergent : les nouvelles formes du pouvoir dans l'entreprise et leurs conséquences délétères pour les salariés, des thèmes de plus en plus souvent abordés aujourd'hui. Cette réédition en format poche comporte une nouvelle préface qui nuance le propos en prenant en compte la comparaison des différences de conception du lien individu-système de part et d'autre de l'Atlantique. Elle propose, en effet, un nouvel angle d'analyse considérant la concomitance des nouveaux rapports de pouvoir et la transformation actuelle des formes d'échange.

Valérie Brunel est psychosociologue, intervenante en organisation.