« Notre radiographie du stress n'a pas relevé de différences significatives selon l'âge, l'ancienneté dans l'entreprise, le sexe ou encore les régimes d'horaires de travail. Cela a été le cas, en revanche, selon les métiers », souligne Luc Girardi, responsable prévention-sécurité et pilote du thème stress au sein de la DRH. « Les collaborateurs que nous croyions les plus stressés, à savoir les chefs de chantier soumis à la double pression de la hiérarchie et des clients, n'ont pas fait ressortir une problématique plus importante que la moyenne des salariés. Les 24 plus fortes expressions du sentiment de stress - sur plus de 300 réponses - ont émané de chefs de projet, de managers ou encore du bureau d'études », poursuit-il.

L'enquête a pris la forme d'un questionnaire selon la méthode Voocq durant le premier trimestre 2007 auprès des 350 salariés de l'agence de Mulhouse, choisie pour sa composition représentative de l'ensemble de la société de 5 300 personnes. Les 89 % de réponses, anonymes, ont été réceptionnées par Laurence Weibel, spécialiste stress au sein de la Cram Alsace-Moselle et corédactrice du questionnaire. Elle les a analysées en balayant, dans neuf familles de métiers, six sources de stress : «avenir» ; «temps» (délais, cadences de travail, compatibilité des horaires avec la vie familiale) ; «planification» (répartition des charges de travail, etc.) ; «risques/sécurité» ; «exigences» (absence de description claire de la tâche, ordres contradictoires, mauvaise utilisation des compétences) et «ressources» (participation aux décisions, accès aux informations...).

Le tableau de 54 cases qui en découle fait apparaître 18 situations où le niveau de stress dépasse la moyenne du secteur d'activité. Pour les résoudre, Clemessy a constitué, début 2008, quatre groupes de travail direction-services médical et sécurité-collaborateurs-élus CHSCT.

Les trois premiers traitent respectivement de la sécurité pour les intervenants sur chantier, des pressions du temps et des «exigences» pour les automaticiens et le personnel en bureau d'études, de la «planification» et des «ressources» pour le management, les chefs de projet et les commerciaux. Un quatrième planche sur la communication à propos de l'avenir, thème identifié comme commun aux fonctions, car si le groupe est en bonne santé (il embauche et dégage des bénéfices), il doit affronter une concurrence rude.

L'entreprise estime avoir pu tracer le chemin relativement étroit qu'elle s'était fixé : agir sur les facteurs qu'elle-même peut maîtriser, et qui ne relèvent donc ni du client, ni de la vie personnelle. « Nous espérons que ce travail de fond saura se traduire en mesures concrètes, c'est tout l'enjeu de la période qui s'ouvre », estime Philippe Merillon, élu CFDT au CHSCT, dont il anime la commission stress.

Les groupes de travail devraient présenter, fin 2008, leurs propositions d'actions. L'année 2009 marquera la mise en oeuvre de celles qui auront prouvé leur pertinence.

• Secteur : installations électriques pour l'industrie.

• Effectifs : 5 300 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 545 millions d'euros.