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Enquête

Le spécialiste des turbines lâche la pression

Enquête | publié le : 16.09.2008 |

L'entreprise mène un chantier de longue durée avec le CHSCT et la Cram de Bourgogne, pour réduire le stress de ses techniciens, ingénieurs et cadres.

Au Creusot, Thermodyn (turbines et compresseurs ; 550 salariés) entre dans l'ère du «bien-être». Direction et CHSCT ont lancé un projet au long cours sur ce thème, pour lequel deux groupes de travail ont été constitués avec des salariés volontaires. Ils doivent apporter des solutions sur l'accueil des nouveaux salariés et sur les modes de communication, dans une entreprise qui a triplé sa production en sept ans. Leurs propositions seront examinées à la fin septembre par le comité de direction, qui pourrait en valider la plupart. « C'est la première fois que des engagements de progrès sont pris », remarque Jean-Claude Bouteiller, technicien-conseil à la Cram Bourgogne, associé au groupe de pilotage.

Suicide

La Caisse régionale d'assurance maladie et l'inspection du travail suivaient de près cette entreprise, entrée, en 2000, dans le giron de General Electric (division Oil & Gas). Ces services ont été alertés par le CHSCT, il y a près de trois ans, après le suicide d'un cadre informaticien. Trois autres accidents cardiovasculaires, signalés à la même époque, avaient à leur tour provoqué une étude du cabinet Emergence sur la souffrance au travail. « Ses propositions étaient restées sans effet », retient-on à la Cram.

Dès sa prise de fonction, en avril 2007, le nouveau directeur général de l'usine, Benoît Rivet, s'est promis de mettre de l'huile dans les rouages. La difficulté tenait surtout, selon lui, à « l'incompréhension mutuelle » de l'ancienne direction et des élus du personnel, « aggravée par des résultats commerciaux de 2006 moins bons que prévu ».

Impact culturel

La CGT, de son côté, invoque un impact culturel plus profond, associé à un durcissement des contraintes d'organisation. Les procédures d'échanges d'informations sont les plus critiquées. Elles pèsent surtout sur l'encadrement et le bureau d'études, qui doivent traiter d'importants volumes de mails en anglais ou en italien (le siège de la division Oil & Gas de GE est à Florence), sans toujours comprendre clairement à qui ceux-ci sont destinés. « Le système d'information a pris tant de place que la plupart s'interrogent par mail, même si leur collègue est à cinq mètres », raconte Robert Daillet, délégué CGT, qui parle de « relations de travail déshumanisées ».

Tout ce ressenti a été mis en évidence par l'Aract de Bourgogne, appelée courant 2007, pour relancer des investigations. Ses consultants ont interrogé 150 salariés de tous secteurs. « Ses conclusions reprennent celles du cabinet Emergence », résume Robert Daillet. A savoir que les cadres, les personnels du bureau d'études (120 personnes) et l'encadrement de proximité, en production, sont les plus exposés aux risques psychosociaux.

Traitement collectif

La direction envisage un traitement collectif des situations de stress. Ainsi, les procédures d'intégration des nouveaux vont se renforcer : « Nous avons recruté 83 personnes en 2007, plus une soixantaine en 2008. Ces embauches compensent les départs à la retraite. Le groupe de travail a comparé ce qui se faisait de mieux en matière d'accueil. Nous avons aussi créé un poste supplémentaire au service RH, pour le recrutement. » Une question sensible dans cette entité qui n'avait pas recruté de 2000 à 2007 et souffrait de problèmes de communication intergénérationnelle, ainsi que d'une difficulté à transmettre la culture dans une entreprise dont l'activité explosait, à effectifs constants.

Journée sans PC

Autre enjeu : la communication. Les salariés ont proposé d'instaurer la «journée sans PC» et des petits-déjeuners interservices. Des réunions de cohésion seront organisées spécialement pour les managers, dès le mois d'octobre. En attendant, le directeur rappelle que plusieurs investissements sont venus valoriser le cadre de travail. A savoir la réfection complète du hall d'accueil du site et la climatisation, par étapes, des bâtiments d'un site centenaire, encore marqué par la génération des «Creusot-Loire».

THERMODYN

• Secteur : fabrication de turbines et compresseurs.

• Effectifs : 550 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 200 millions d'euros.