« Le travail peut sauver. Il peut tuer aussi », tel est le cri d'alarme lancé par Marie Pezé. Après avoir pris conscience de la centralité du travail dans la création identitaire et de l'importance des pathologies sociales, l'auteure, docteur en psychologie, psychanalyste, et psychosomaticienne, plutôt que d'évacuer le monde du travail de son approche thérapeutique, a pris le risque de sortir de son cadre clinique habituel. Elle a créé en 1997, un centre d'accueil, «Souffrance et travail», à Nanterre, pour toutes les victimes de cet univers. Le livre de Marie Pezé est le journal de cette consultation tenue de 1997 à 2008.

Pour l'auteure, le parti pris de neutralité propre au psychologue a volé en éclats devant l'horreur des récits des patients qu'elle reçoit dans son bureau, après qu'ils lui ont été adressés par un médecin du travail ou un généraliste. Certes, les symptômes ont toujours à voir avec l'histoire personnelle et familiale, mais peut-on dire que l'ouvrière qui souffre des vingt-sept bouchons qu'elle visse à la minute y est pour quelque chose ou qu'un harcelé aurait dû quitter son poste avant de s'effondrer, quand la démission lui fait perdre ses droits sociaux ? Marie Pezé fait entrer le lecteur dans l'intimité de ces douloureux récits, « un accès direct à la cruauté des rapports sociaux, aux systèmes de management pathogènes... ».

Publier cet ouvrage signifie, pour l'auteure, tenter d'alerter le grand public, lui livrer ses outils de diagnostic. Ainsi, chacun pourra identifier le danger et intervenir, voire prévenir.

Marie Pezé est docteur en psychologie, psychanalyste et psychosomaticienne. Elle a créé et dirige la première consultation «Souffrance et travail».