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Les pratiques

La polyactivité pour accéder au temps complet choisi

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 26.08.2008 |

Encouragé au début des années 1980 par des allègements de charges, le temps partiel concerne, aujourd'hui, 5 millions d'actifs. Certaines entreprises et branches professionnelles cherchent des solutions pour proposer un temps complet choisi.

Au début de l'année, Auchan, puis Carrefour ont déclaré la guerre au travail à temps partiel subi. Tous deux se sont engagés à développer la polyactivité pour permettre aux salariés qui le souhaitent de passer à 35 heures d'ici à la fin de l'année 2009. La grande distribution et le commerce constituent l'un des secteurs où « le temps partiel subi est devenu la norme de gestion de la main-d'oeuvre pour certains emplois », tout comme dans la branche des services aux particuliers et celle de la propreté, relevait le Conseil économique et social (CES) dans un rapport, en mars dernier.

Aménagement des horaires

En 1980, ils étaient 1,5 million d'actifs concernés par cette forme d'emploi. Aujourd'hui, ils sont près de 5 millions. Parmi eux, 82 % sont des femmes, dont la moitié préféreraient travailler à temps plein. Pour en finir avec le temps partiel subi, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a proposé un accord de branche visant à valoriser « le temps partiel choisi ». Parmi les mesures proposées, le passage de 22 heures à 25 heures du « contrat minimum hebdomadaire d'embauche à temps partiel » et l'obligation pour l'employeur d'« accepter d'aménager les horaires d'un salarié à temps partiel par demi-journées s'il a trouvé un deuxième emploi ». Mais, pour l'heure, seule la CFDT a signé, début août, les autres syndicats dénonçant les dérogations possibles au sein des entreprises. De son côté, le CES propose des recommandations, parmi lesquelles privilégier la formation continue et la validation des acquis, et encourager la polyactivité dans les entreprises par des bourses de l'emploi développées par les branches professionnelles et les bassins d'emploi.

C'est le cas chez Ikea, avec les «contrats mixtes», initiés dans le magasin marseillais de La Valentine. Ceux qui le veulent peuvent cumuler deux emplois dans les secteurs de la caisse, de la logistique et de la vente, afin de constituer un temps plein, réparti à parts égales entre les deux postes. Treize personnes, sur un effectif de 288 salariés, en bénéficient. « Nous nous assurons qu'aucun collaborateur n'accepte un temps partiel par défaut. Les 43 salariés qui sont aujourd'hui à temps partiel l'ont choisi, quasiment tous sont étudiants », explique le DRH Michel Laks. La méthode a fait école dans trois autres magasins, à Hénin-Beaumont, Brest et Grenoble. Elle est soutenue par la direction d'Ikea France, qui s'est engagée à supprimer l'ensemble des temps partiels subis à horizon 2009.

L'idée du cumul a aussi fait son chemin dans les hypermarchés. Dans la distribution alimentaire, 37 % des effectifs sont à temps partiel, pour une durée moyenne de 27 h 50 par semaine. On estime qu'il s'agit d'un temps partiel imposé pour un tiers d'entre eux. Plusieurs enseignes ont déjà conclu des accords qui garantissent un minimum de 30 heures hebdomadaires, comme Carrefour, Auchan ou, plus récemment, Casino.

Complément d'heures

Certaines s'engagent, désormais, sur la voie de la polyactivité. Ainsi, Carrefour propose aux hôtesses de caisse volontaires d'effectuer un complément d'heures, sur la mise en rayon de produits de grande consommation. Dans le magasin de Venette, qui a testé la formule, « 45 des 600 salariés travaillent à temps partiel, dont 11 pratiquent aujourd'hui la polyactivité », explique Albert Lancry, directeur de Carrefour Venette. « Les retours sont positifs. Nous observons aussi une baisse de l'absentéisme dans cette population. »

Chez Auchan, « un quart des 8 000 salariés travaillant 30 heures par semaine ou un peu plus se sont déclarés intéressés par la polyactivité, tous métiers confondus », indique Anne Bonjour, DRH en charge de la gestion des employés. « Dans la mesure du possible, les plannings seront fixés six mois à l'avance. »

Nettoyage de jour

C'est dans le secteur de la propreté que la part des temps partiels reste la plus importante : il concerne 74 % des salariés. Certes, on estime que 40 % à 50 % d'entre eux sont multi-employeurs. Le cumul de leurs emplois constituerait un temps plein. D'autres souhaitent demeurer à temps partiel. Mais restent ceux qui subissent cette situation, les employeurs en premier chef, si l'on en croit Bertrand Castagné, président de la commission sociale de la Fédération des entreprises de propreté (FEP) et DRH du pôle santé du groupe Elior : « Nous aurions moins de difficultés à fidéliser et à recruter si nous pouvions proposer des temps pleins. Mais les donneurs d'ordres nous imposent que le ménage des locaux soit fait en dehors des heures de bureau. »

La FEP plaide en faveur du nettoyage de jour, « très bien accepté en Europe du Nord, notamment », qui permettrait de faire travailler les salariés en horaires continus à temps plein. « C'est avec ce type d'organisation que le groupe Elior travaille déjà dans les hôpitaux, par exemple », note Bertrand Castagné. Autre piste à explorer : le développement des services associés, de type distribution de repas ou petit entretien électrique, et des services à la personne chez les particuliers.