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Enquête

Des concours plus professionnalisés et une épreuve orale renouvelée

Enquête | publié le : 26.08.2008 |

Les ministères chargés de l'économie et du budget ont modifié en profondeur leurs concours externes et internes. Contenu plus professionnel et poids plus important de l'oral doivent permettre de recruter des candidats adaptés aux missions et aux métiers.

Devançant les préconisations du rapport Desforges (1) paru cette année, les ministères économique et financier ont entrepris la réforme de leurs concours en 2006. Résultat : dès cette année, les candidats peuvent passer un certain nombre de concours où la culture générale a cédé le pas à des épreuves plus en phase avec les spécialités des ministères (Economie, Finances) et où l'oral est profondément revu.

Expérience professionnelle

« On passe du grand oral classique, type Sciences po ou Ena, où il fallait montrer sa culture générale, à un type d'entretien fondé sur la motivation, la capacité à se situer dans un environnement professionnel. Pour les candidats internes, l'entretien est centré sur l'expérience professionnelle et la capacité à exercer des fonctions d'un niveau supérieur », explique Didier Hüe, délégué à la formation au secrétariat général des ministères chargés de l'Economie et du Budget. La pondération des épreuves orales est augmentée, représentant 45 % à 50 % du total des points nécessaires à l'admission (30 % auparavant dans certains concours). Autre innovation : la diffusion du CV des candidats admissibles au jury, pour faciliter la conduite de l'entretien.

Capacités d'adaptation

Pourquoi ce poids accru de l'oral ? « Nous recrutons pour des carrières de très longue durée. Les agents exerceront des métiers très différents au cours de leur vie professionnelle. Nous souhaitons juger, lors de l'entretien, leurs capacités d'adaptation, de réaction, d'évolution », indique Didier Hüe. Un programme de formation des jurys à l'entretien oral nouvelle manière a été mis en place (une à deux journées de formation) et des grilles d'entretien ont été élaborées pour objectiver les jugements.

Plus de 2 500 postes

Les concours concernés sont ceux des quatre grandes directions à réseau de ces ministères (2) : Direction générale des impôts, Direction générale de la comptabilité publique, Douane, Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Elles ouvrent, cette année, plus de 2 500 postes pour les trois catégories de la fonction publique : A (niveau licence-maîtrise), B (niveau baccalauréat), C (niveau brevet). Par ailleurs, par souci de simplification, les quatre directions ont mis en place, pour la première fois, un concours commun pour le recrutement des agents de catégorie C.

Epreuves toilettées

Les épreuves écrites bénéficient d'un toilettage. Place accrue du QCM comme étape de préadmissibilité pour le concours C ; dissertation remplacée par une note de synthèse pour la première épreuve d'admissibilité des concours A, suivie de deux épreuves à option (juridique pour l'une, économique et financière pour l'autre). C'est une nouveauté : jusqu'à présent, il était possible d'intégrer la DGCP et la DGI sur concours de catégorie A sans passer d'épreuves de finances publiques ni d'économie.

Présentée aux organisations syndicales, la réforme ne suscite pas l'enthousiasme. « Nous sommes attachés à la culture générale, qui permet de recruter des têtes bien faites plutôt que bien pleines. Là, nous sommes à la limite de la professionnalisation du recrutement. L'administration va recruter des gens déjà formatés pour des métiers techniques », estime Richard Remaud, secrétaire national en charge de la formation et des écoles pour la CFDT Impôts.

Crainte syndicale

Principale crainte des syndicats : que la professionnalisation des concours ne soit le prélude à une révision à la baisse de la durée de la formation dans les écoles d'application (dix-huit mois pour les catégories A).

En revanche, la CFDT a soutenu le volet de la réforme touchant les concours internes, qui fait la part belle aux épreuves professionnelles. Elle a même apporté des suggestions - élargissement du nombre de sujets pour ces épreuves - qui ont été prises en compte.

Constat intéressant : le vivier des candidats aux concours internes s'est déjà un peu élargi, comme l'observe Didier Hüe. « Avec un examen davantage centré sur les savoir-faire professionnels, le temps de préparation se trouve allégé et le concours plus facile d'accès, notamment pour les femmes, qui supportent généralement les charges familiales. »

(1) Rapport préconisant une réforme des concours, remis le 19 février 2008 au secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique.

(2) DGI et DGCP sont désormais réunies dans la DGFIP, Direction générale des finances publiques.

L'ÉCONOMIE ET DU BUDGET

• Effectifs : 152 500 agents (DGFIP, Douane, DGCCGRF).

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