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Castelnaudary tourne la page du textile

Enquête | publié le : 03.06.2008 |

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Castelnaudary tourne la page du textile

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La convention de revitalisation du bassin lauragais, signée par six partenaires après la fermeture de l'usine textile, fin 2003, voit ses projets s'achever. Elle a appris aux acteurs locaux à travailler ensemble.

Lorsque Rouleau-Guichard, industriel toulousain de la bonneterie, annonce, en 2003, la fermeture de son usine de Castelnaudary pour cause de délocalisation de la production vers la Tunisie et la Roumanie, il signe la mise à mort définitive de la filière textile dans la ville de 12 000 habitants, coeur industriel de l'Aude.

La fermeture du site fait l'effet d'un électrochoc aux acteurs économiques et politiques : elle entraîne, en novembre 2003, la signature de la convention de revitalisation du bassin lauragais. Le reclassement des 91 salariés de Rouleau-Guichard - dont 89 ouvrières peu qualifiées - était entamé depuis la mi-2003. Le cabinet biterrois Erdiis y a travaillé jusqu'à la mi-2004.

Mobilisant 1,8 million d'euros, la convention associe l'Etat, la région Languedoc-Roussillon, le conseil général de l'Aude, la chambre de commerce et d'industrie, la Ville et la communauté de communes de Castelnaudary.

Projets concrétisés

« Aujourd'hui, on peut considérer que la convention de revitalisation, qui était sans limite de durée, s'achève, car tous les projets se sont concrétisés », assure Nicolas Nayral, chargé du développement économique et territorial à la communauté de communes. Les principaux projets étaient la création d'une pépinière d'entreprises, le renforcement de la plate-forme d'initiative locale, l'amélioration de deux zones économiques et l'identification de terrains pour la création de nouvelles zones industrielles et commerciales.

La plate-forme d'initiative locale (PFIL), gérée par l'association Initiative Carcassonne Castelnaudary, qui accorde des prêts d'honneur aux créateurs d'entreprise, a vu ses moyens augmenter. Les 45 000 euros versés par Rouleau-Guichard « ont permis d'aider une demi-douzaine de créateurs supplémentaires », relève Florence Majo, animatrice de la PFIL. Elle a aussi reçu un financement après la fermeture du distributeur de produits diététiques Brugier-Sillon (25 salariés), une filiale de Distriborg, en 2005. « Nous avons contraint la société à mettre 40 000 euros pour la PFIL dans la convention de revitalisation », relève Nicolas Raynal. Peu de créations émanant d'ex-Rouleau-Guichard sont à signaler. En revanche, deux anciens salariés de Brugier-Sillon ont créé, en 2005, le grossiste Accent Bio, qui emploie aujourd'hui huit salariés. « Nous avons bénéficié d'aides de la PFIL, de la ville et de la région, remercie le fondateur, Philippe Bouling. Et j'ai prouvé qu'une société bio pouvait être rentable à Castelnaudary. »

Pépinière d'entreprises plus grande

Le projet de pépinière d'entreprises, porté par la CCI, a gagné en taille grâce aux fonds de la convention de revitalisation. « Quatre bureaux supplémentaires ont été construits, ce qui explique qu'elle soit plus grande que celle de Carcassonne », précise Olivier Darles, responsable de l'antenne de Castelnaudary de la CCI de Carcassonne-Castelnaudary. La pépinière a connu quelques retards de travaux, mais a été inaugurée fin 2006 et fait aujourd'hui le plein. « L'autre volet important de la convention de revitalisation, poursuit Nicolas Nayral, portait sur l'identification de nouvelles zones d'implantation et la requalification des zones existantes, très dégradées. Le programme a été entièrement respecté. » La convention a accéléré la procédure de résiliation du plan d'occupation des sols par l'Etat et le changement de vocation d'un terrain de 20 hectares, prévu pour devenir une zone commerciale à l'horizon 2010.

Des zones rafraîchies

Les zones industrielles existantes ont été «rafraîchies» en 2007-2008 pour 1,7 million d'euros, dont 750 000 euros apportés par l'Etat. Ces zones sont aujourd'hui pleines. Selon Nicolas Raynal, « la convention de revitalisation a réussi à faire connaître le bassin. Elle a créé une atmosphère favorable pour les projets privés ».

Si Castelnaudary a bénéficié, ces dernières années, du dynamisme de l'industrie agroalimentaire, qui fait travailler plus d'un millier de personnes grâce, en particulier, à la filière cassoulet née au milieu des années 1980, elle parie sur l'émergence du secteur logistique : une zone économique de 130 hectares commence à prendre forme près de l'échangeur autoroutier. Elle est mise sur pied par deux des partenaires de la convention de revitalisation, le conseil régional et la communauté de communes, réunis dans un syndicat mixte. Ce qui fait dire à Nicolas Raynal : « Le grand bénéfice de la convention a été d'habituer tout le monde à travailler ensemble au sein du comité de revitalisation. »