Pour Gérard Filoche, une kyrielle de semi-vérités ou de vrais mensonges, tellement ressassés qu'ils passent aujourd'hui pour des évidences, est le meilleur moyen de décourager les revendications des travailleurs. Bien que certaines études se complaisent à évoquer la dématérialisation de l'entreprise, la subordination active, le salarié partenaire, associé ou cogestionnaire de la société qui l'emploie, tout salarié effectue des tâches intellectuelles ou manuelles bien matérialisées, qui doivent d'abord permettre à l'employeur de faire des profits.

Ne pas perdre de vue cette réalité simple permet de garder le cap quand il s'agit de juger certaines allégations émanant du patronat pour critiquer les avancées sociales. Chiffres à l'appui, Gérard Filoche prouve que les 35 heures ne sont pas une si mauvaise idée, que les charges sociales ne sont pas la vraie raison du manque de dynamisme de certaines entreprises et que les fonctionnaires sont loin d'être les privilégiés que l'on désigne souvent à la vindicte publique.

La mondialisation, par ailleurs, a souvent bon dos pour justifier les sacrifices que l'on exige de la part des travailleurs. L'idée sous-jacente à cette critique sans complaisance du discours managérial à la mode est que le patronat s'entend parfaitement à manager l'image et la réalité d'un travail peau de chagrin pour maintenir une pression à la baisse sur les salaires et les revendications des travailleurs.

Gérard Filoche est inspecteur du travail et rédacteur en chef de la revue Démocratie et socialisme.