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Les pratiques

Les SCOP assurent la réussite de la participation

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 25.03.2008 |

Depuis 2002, en mettant l'accent sur la formation à la gestion financière, les sociétés coopératives de production (Scop) ont professionnalisé leurs salariés sociétaires.

«Chez nous, se félicite Patrick Lenancker, président de la Confédération générale des Scop, les salariés sont animés par un projet commun qu'ils font vivre en mutualisant équitablement les risques et les grandes décisions. Leur rôle ne se limite pas à la simple exécution, ils détiennent la majorité du capital social de l'entreprise et votent lors de l'assemblée générale. »

A la fin de l'année d'exercice, dans les 1 800 Scop de France, leurs 32 000 salariés sociétaires, sur 40 000 salariés au total, se prononcent sur le budget et les investissements. C'est ainsi que se joue l'avenir d'Alpha Taxi, Chèque Déjeuner, Alternatives économiques, ECF, ATGT (géomètres), Acappella (call center) ou celui du théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine...

Formations entreprenariales

Mais, des salariés qui valident des plans de développement stratégique et dont certains peuvent assumer un rôle d'administrateur, ça ne s'invente pas. Aussi, depuis 2002, la Confédération générale des Scop leur propose des parcours de professionnalisation. A côté des traditionnelles formations techniques, il s'agit de formations entreprenariales. Elles disposent d'un budget de 600 000 euros par an, alimenté par un fonds mutualisé de cotisations supplémentaires à l'obligation légale. Il permet, à lui seul, de couvrir les frais pédagogiques.

Cursus en trois étapes

Pour les exécutants et les agents de maîtrise, le cursus se déroule en trois étapes : 5 jours d'initiation, 7 jours de maîtrise, 7 jours d'implication. Son contenu : techniques de gestion, initiation à la stratégie, à l'évolution des métiers et des marchés, méthode de travail en groupe. A chaque étape, le salarié va avoir le choix entre plusieurs travaux pratiques : historique de la constitution des fonds propres de son entreprise, étude de l'évolution technologique de sa branche, préparation d'une assemblée générale...

L'intérêt ? « Quand un salarié étudie, par exemple, les fonds propres, cite Michel Porta, délégué national aux RH, il découvre les enjeux des choix en matière d'utilisation de l'épargne salariale. » Crucial pour les Scop lorsqu'il s'agit d'impliquer les salariés dans des décisions de réduction de la participation au profit d'une augmentation de l'investissement. En effet, 45 % du bénéfice des Scop est normalement reversé aux salariés actionnaires. Ainsi, 50 millions d'euros ont été distribués en 2007. De plus, toutes les démarches exigent d'explorer d'autres métiers, d'autres logiques. « Les travaux pratiques apportent de l'oxygène dans l'entreprise, constate Michel Porta, l'information circule. » A chaque étape, une vision globale de l'entreprise se construit pour le salarié. « Cela permet, précise-t-il, d'encourager un comportement «proposant». »

En effet, au niveau des deuxième et troisième étapes, le salarié doit mener un projet d'amélioration entreprenariale. Ainsi, il peut proposer une actualisation du livret d'accueil de sa Scop ou donner des pistes de perfectionnement technologique. Ce projet prend la forme d'un rapport établi lors d'une journée de bilan professionnel coopératif. Il est restitué, par oral ou par écrit, devant un comité de professionnalisation composé de salariés, de cadres et d'administrateurs d'autres Scop. Depuis 2002, 200 comités de professionnalisation se sont ainsi tenus. En tout, aux diverses étapes, 800 certifications de l'expérience gestionnaire et participative ont pu être décernées. « En termes de rythme, dans les deux ans qui viennent, calcule Michel Porta, on espère doubler le nombre de certifiés. »

Pour les cadres de direction, un parcours spécifique de formation du dirigeant a été pensé. Il s'étale sur 26 jours et débouche sur une certification de manager coopératif. Mais seules 100 ont été distribuées. « Depuis 2002, par manque de temps, seulement 8 % de nos cadres se sont inscrits dans ces formations. Ils viennent en majorité des Scop de plus de 20 salariés ayant un potentiel de développement, précise Patrick Lenancker. Mais, dans le cadre des transmissions d'entreprise, la formule est appelée à se développer. »

Validation des acquis

Ces certifications débouchent sur une démarche de validation des acquis de l'expérience (VAE). La confédération prépare, actuellement, des passerelles pour l'obtention d'un BTS ou d'un DUT au niveau du certificat de l'expérience gestionnaire, ou d'un Master en gestion au niveau des certificats de manager. Cette reconnaissance par un diplôme se double, pour les plus investis, d'un accès à de plus grandes responsabilités. « A la fonderie de Bruche, dans l'Est, raconte Michel Porta, 30 salariés sur 220 ont suivi une certification complète. Cela a permis de renouveler le conseil d'administration, et des opératrices siègent désormais au côté des cadres. » Ces méthodes attirent de plus en plus de salariés : « Nous n'avons aucune difficulté de recrutement, y compris au niveau cadre », s'enorgueillit-il. Ainsi, entre 1996 et 2006, le nombre de Scop a crû de 25 %, et leurs emplois, de 10 %.