«L'objectif était d'améliorer la sécurité et les conditions de travail des salariés, martèle François Curé, DRH de Stalaven (1 200 salariés), une entreprise d'agroalimentaire qui a inauguré, en mai dernier, près de Guingamp (22), une nouvelle unité de production de 7 300 m². Dans ces domaines, notre secteur n'a pas très bonne presse. »

Pour y arriver, la société de Saint-Brieuc a, d'emblée, misé sur la concertation. Dès le début du projet, des groupes de travail réunissant tous les niveaux hiérarchiques (responsables et opérateurs) ont été constitués afin que leurs besoins soient intégrés au cahier des charges. La prise en compte des aspects visuel et acoustique dans l'environnement de travail ainsi qu'une meilleure fluidité de la circulation hommes/outils de manutention figuraient parmi les principales recommandations.

« Bénéficier de la lumière naturelle était la première demande exprimée par les salariés. Les fenêtres apportent un confort visuel important », détaille le DRH. « Cela paraît tout simple, mais voir le temps qu'il fait dehors, c'est important ! », complète Jean-Claude Ollivier, opérateur et délégué du personnel CGT.

Des couleurs vives ont été utilisées, à la fois pour différencier les salles de production et pour apporter un peu de gaîté dans l'environnement industriel. Trois zones, à dominante verte, orange et rouge selon le niveau des risques bactériologiques, sont ainsi clairement identifiées. De nouveaux matériaux permettent d'absorber les bruits. Enfin, une vaste salle de pause, très aérée, a été installée, avec la volonté d'offrir aux collaborateurs une vraie rupture par rapport au travail. « Le mobilier est confortable et un fumoir y a été aménagé », décrit Jean-Claude Ollivier.

L'architecture des locaux a également été pensée en vue d'améliorer la sécurité des salariés. « Il s'agissait, notamment, de dissocier les flux du personnel et la manutention pour éviter les accidents », explique le DRH. Ainsi, un large couloir longeant les salles de production présente un double intérêt : avoir une visibilité sur celles-ci, sans être obligé d'y entrer, et y installer les engins de manutention. « Comparativement aux autres sites de production, où nous devons être très vigilants faute de place, celui-ci est beaucoup plus sécurisé, car il offre davantage d'espace pour travailler et circuler », remarque l'élu cégétiste. Emprunté par tous les salariés, ce couloir permet également de pratiquer un « management visuel », selon la direction. Un panneau d'affichage recense, ainsi, les informations, partagées par tous, selon quatre thèmes : la production, la qualité, l'hygiène/sécurité et la vie d'équipe.

Ce projet d'aménagement a été enrichi d'une nouvelle organisation du travail en «équipes autonomes de production» (EAP), destinée à favoriser la responsabilisation et la variété des activités de chaque opérateur. « Il s'agit de faire redescendre la prise d'initiative et de décision vers l'opérateur », explique François Curé. Un système de management qui devrait être étendu aux autres sites de l'entreprise bretonne. « Auparavant, on construisait des usines exclusivement par rapport aux problématiques de production. Aujourd'hui, en parallèle des contraintes industrielles, les conditions de travail sont prises en compte dès la conception », analyse le DRH.

Selon Jean-Claude Ollivier, la qualité des locaux a eu un impact positif sur la motivation des salariés. Les revendications sociales y sont aussi moins nombreuses que dans les autres implantations du groupe. Lequel entend, prochainement, se doter d'indicateurs pour évaluer les performances de sa nouvelle usine en termes d'absentéisme, de turn-over et de productivité.

G. P.

• Activité : groupe agroalimentaire.

• Effectifs : 1 200 salariés.

• Chiffre d'affaires 2007 : 210 millions d'euros.