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Reconnaître ses erreurs

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 25.03.2008 |

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Reconnaître ses erreurs

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Pourquoi refuser d'admettre ses erreurs alors que tout le monde en fait ? C'est pourtant par ce biais que les êtres humains apprennent. Regarder un enfant empiler des cubes en apporte une démonstration limpide. Essai, écroulement de la pyramide, nouvel essai, meilleur équilibre... mais, écroulement à nouveau, puis apprentissage des règles de l'art et, finalement, la construction prend forme.

Si certaines personnes admettent en leur for intérieur qu'elles se sont trompées, curieusement, le reconnaître devant les autres semble leur arracher la gorge. Comme si c'était deux choses différentes : « Moi, j'ai le droit de savoir, mais pas les autres. » Est-ce la peur de perdre la face qui nous inhibe à ce point ? Nous avons tellement assimilé l'injonction «sois parfait» que toute faille au tableau nous panique. Affaire culturelle, bien sûr, c'est encore plus déshonorant au Japon qu'aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, il est admis de faire des erreurs car cela signifie que la personne a essayé. A l'intellectuel assis qui réfléchit mais ne fait rien, les Américains préfère l'homme d'action, qui s'engage, quitte à se tromper. Il y aurait sans doute quelques inspirations à en tirer.

Je suggère de commencer à se décoincer en appelant «essai» ce que nous qualifions généralement d'erreur. Cela mettrait beaucoup d'air frais dans les réunions d'entreprise. Ensuite, quand l'essai s'avère effectivement manqué, réagir vite en le reconnaissant. Car la situation touche des personnes et elles ont toutes vu l'erreur. Pourquoi s'enfouir la tête dans le sable en perdant sa crédibilité ?

Osons tout simplement dire la vérité sans en rajouter : oui, on s'est trompé, on le regrette vivement. La transparence rapproche. Elle crée de la proximité et de la solidarité parce qu'on accepte de se montrer vulnérable. Ceux qui veulent toujours avoir raison soulignent, en fait, leur fragilité : ils ne veulent voir du monde qu'une seule image, celle qu'ils ont choisie. Mais, au bout du compte, la réalité leur obéit rarement. A l'inverse, en reconnaissant ses torts, on compense le dommage par la responsabilité : « Je me suis trompé, j'en suis désolé et je l'assume. »

L'antimodèle est celui qui s'entête à se justifier pour ne pas montrer de faille. Il joue, par exemple, à celui qui n'a rien vu alors que tout son entourage a constaté le problème. Ou bien il se crispe pour sortir de l'impasse en se rigidifiant : « C'est moi qui décide ! » Et, devant l'interrogation de ceux qui ne comprennent pas sa persévérance dans l'erreur, il ajoute : « C'est une question de principe. » Voilà, la messe est dite.

Pour ne pas ressembler à ce portrait peu flatteur, posons-nous ces deux questions simples : comment réagit-on quand on prend conscience que l'on s'est trompé (on se sent gêné, honteux, inquiet, on se confie, on feint d'ignorer le sujet, etc.) ? Ensuite, et c'est sans doute la question la plus intéressante, combien de temps nous faut-il pour accepter de le reconnaître devant les autres ?

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>